vendredi 30 décembre 2005

France 02

Le choc culturel... Que es eso ?

La première fois que l'on m'a parlé de choc culturel c'était au Japon et j'allais rentrer le lendemain. J'étais accompagné de Tuitui au karaoke et entre deux chansons il m'a averti. Averti de ce sentiment
normal et pourtant inacceptable je suis rentré. Premier choc : Dans l'attente des bagages à l'aéroport international de Nice Côte d'Azur je surprends deux bagagistes râlant en marseillais du retard de l'avion pour ces "putes de japonaises"... J'avais appris là-bas le respect d'autrui.

Aujourd'hui je revis un choc culturel...

Mes réflexes sont revenus tellement vite. Le volant dans mes mains glissent rapidement et sans hésitation. Mon espagnol ne s'insère pas dans mes interjections. Le prix en euro ne m'effraye pas. Le visage souvent fermé des passants ne me rebute en rien...

Alors quoi ? Quel choc ? Quelle hantise ?


En rentrant de mon voyage j'ai rapidement trouvé du travail à la fnac de Nice. Y ayant travaillé en décembre 2004 je retrouvais là-bas mes amis, mes collègues et des réflexes que je croyais enfouis.

Le premier jour, 200 clients... c'est énorme; pour ceux qui ne s'en doutent pas. Les retours de machines cassées ; qui ne fonctionnent pas, plus ; qui ne plaisent pas ; de machines qui fonctionnent mais que le client ne comprend pas...

Tout cela défile devant moi comme un rêve que je travaille dans mes mains, une pâte à modeler durcie.

L'esprit me gêne et je fais le vide le jour pour reprendre la pensée la nuit. Je pense à la responsabilité. La responsabilité des gens face à la société. Celle de la société face aux gens. On invente, on modernise, on confortabilise, on affine, on ajuste, et total... je suis dégoûté de la direction que tout cela prend...

Souvent je me vois lutter face à cette pente savonneuse, courir en sens inverse, et glisser pourtant.

On ne répare plus, on échange... "Votre machine est cassé monsieur ?

Un échange ? Oui, bien sûr !"

Allons plus loin... "Le lecteur DVD ne vous plaît finalement pas ?

L'appareil à moins de 15 jours ? Vous souhaitez un échange ?"

Et cet appareil, que devient-il ?

Reconditionné, il est revendu.

Pixel mort sur un écran neuf, affaire Fnac.

La moitié du temps, poubelle !

Je me souviens du vendeur de pile de montre, du réparateur d'horlogerie légère, du cireur de pompe, des petits kiosques d'électronique croulant sous les plaques d'étain, entre deux doigts un testeur de continuité qui joue des notes.

Alors je me demande qui est moderne.

Jeter, acheter à bas prix, stocker la merde.

Revendre, reconditionner, réparer, utiliser la merde.

Deux mondes... 1000 ans d'écart... mais dans quel sens ?

Je regarde mon monde à moi, ici, et je rêve de ramollir cette pâte, à la travailler, à la jongler, qui sait, peut-être prendra-t-elle une jolie forme.

lundi 26 décembre 2005

France 01

Tout est dans le titre et je l'officialise seulement maintenant alors que je suis rentré depuis une semaine. Pourquoi ? Parce que la famille ne devait pas savoir pour leur garder toute la surprise d'un débarquement pendant le repas de noël. Débarquement réussi. J'en profite par ailleurs pour vous souhaiter à tous de très bonnes fêtes et le meilleur à venir.

Alors le retour en France quoi que ça fait ???
Ça fait un tas d'olives à cueillir dans les arbres du jardin de beau papa, ça fait un froid à crever et ça fait des réflexes qui reviennent vite (trop ?).

Les routes se transforment et s'allongent et je pousse de stridentes exclamations à chaque nouvel appendice. Quelques immeubles ont poussé (ça pousse vite). Et les tartes au citron de la brioche dorées sont toujours aussi bonne... et cher... sauf si on prend à emporter (c'est quand même cher mais un peu moins). On se retourne quand j'ai le malheur de me balader en poncho bolivien
et mes tatanes en cuir ne me tiennent pas assez chaud... paye ta bronchite !

Les cris de joies accompagnant les retrouvaillent ont été poussé des deux côtés et le bonheur fut total.

Mais alors plus de mail ???
Bah qui sait il y a peut-être un tas de choses à dire sur ce beau pays qui est le notre... et puis de toute façon je repars fin janvier pour une expédition plus sédentaire.
Je vous embrasse tous. Merci de m'avoir suivi, encouragé et supporté.

vendredi 9 décembre 2005

Pérou 10

_ Puta madre, sácala rapido huevon !


Parlons un peu de football !

Le foot c'est ce qui rythme mes journées à Huanchaco, c'est ce qui rythme aussi la vie de ces vendeurs de bonbons qui longent la plage et le bord de mer incessamment à la recherche de l'invétéré du sucre ! Leur secret, leur fruit défendu, leur nectar à ces gens là, c'est leur rendez-vous nocturne. "19h stade du bord de mer" sonne comme un rendez-vous de duel, et ce ne sont pourtant pas des mousquetaires... juste des vendeurs de clopes et de bonbons rangés dans une boite à chaussures.

Depuis que je suis arrivé je participe chaque soir à ce match, à ce duel, à cette guerre qu'ils se livrent le temps d'une heure. Chaque soir, sauf ce soir... quelque chose me dérangeait, quelque chose sortait de ma perception étant dans la bataille... je me suis mis sur la touche en observation.
Les règles de ce football péruviens sont vagues et sans limite. Le but est de marquer, toujours, mais le reste entre dans des dimensions extensibles et poreuses. Première variante, le verbe est jeu ! Les
pieds dansent rapidement, la moitié d'entre eux ont grandi avec une balle entre les guiboles, et joue du quolibet en dribblant. Il n'y a pas d'arbitre, mais bien entendu le groupe à ses leaders, ceux qui jouent le mieux mènent la danse, ceux mènent le verbe détermine le tout. Je parle de verbe, mais que l'on comprenne bien que je parle d'argot péruvien de la rue du 21ème siècle... il n'y a pas de jolis vers et d'alexandrins en rime à la manière de nos poètes du 16ème. Je parle de l'espagnol de "la puta madre". Le combat se livre toujours dans une hauteur de ton. Celui qui parle fort peut tenir tête à celui qui parle "bien".

Le jeu est surtout un pari ! Pour jouer il faut mettre une pièce de 50 centimos dans la poche du garde touche, c'est la "quina". Les gagnants ramassent 1 sol chacun, autant vous dire tout de suite que ça pimente ! Les meneurs ne vont jamais chercher la balle partie sur la route ou vers la plage... car le temps est compté... l'équipe perdante ne prend donc pas le temps de réfléchir car rien n'arrêtera le chronomètre et court chercher la pelota.

La course est rapide, le stade petit, les joueurs aussi... on se laisserait presque à croire que l'on regarde un match de babyfoot, la balle va d'une cage à l'autre à une telle vitesse que les participants
s'époumone à vitesse grand V. Malgré cela, rien ne leur fera ôter le bonnet qui donne le style de celui-là ou le blouson qui pète de cet autre. La transpiration s'en mêle, et l'excitation. "Puta cruza cruza CRUZA !!!!". Les engueulades ne sont pas fausses, pas simulées, pas amoindries... il faut répondre ou s'écraser. Celui qui s'écrase perd le ballon qui passe à l'équipe grande gueule, au risque de se faire jeter par sa propre équipe, deux engueulades pour le prix d'une ! Les T-shirts sont tiraillés, poussés, empoignés et vissés. Les jambes se mélangent et se heurtent, pas un jeu sans quelques gouttes de sang ou un bel hématome. Et pourtant... Pourtant, tous ont le sourire et le rire en fond de gorge. Perdu dans cette sévérité du jeu, dans ce sérieux du pari, dans cette excitation du sang latin, le rire reste en fond sonore, et rare sont les fois où un échange verbal et postillonaire ne se termine pas par un rire et une tape amical dans le dos. Ces gens sont fiévreux, organiques, exagérateurs, emphatiques, joueurs, mais surtout ils sont amicaux ! Ils acceptent vite et ne reviennent pas sur un sourire. Leur football est leur catharsis, c'est la purge d'une journée à avoir vendu pour 10 soles de bonbons, de clopes et autres saloperies. Ils se retrouvent là pour se la "donner" vivement et sans obstacle. Le football est ici un sport, une loi, une envie, une passion, un rêve, un traité !

Je n'aimais pas le foot... je change.

Sportivement vôtre.

mardi 6 décembre 2005

Pérou 09

Jean Chalopin et Bernard Deyries nous montraient il y a 20 ans Les Mystérieuses Cités d'Or, Hugo Musella me disait il y a 3 mois "As-tu trouvé les citées d'or ? et si oui, où ?" et Nicolas Payan : "reviens le plus rarement possible...".

Bref tout cela pour dire que malgré la flemme majestueuse qui me mange ces temps-ci, je suis allé faire un tour du coté des temples del Sol y de la Luna de la civilisation Moche. Prononcer Moché ! Ils n’étaient tout de même pas tous horribles à cette époque là ! L'arrivée à Trujillo c'est faite sans encombre et, aimant les premières impressions je vous en fais part, j'ai trouvé au premier abord cette ville fort ressemblante à Coro du Venezuela... un peu plus grande mais aux façades identiques à l'ambiance similaire... Sur la Plaza de Armas la statue d'un certain héros semble danser le French Cancan vu de l'église mais non, il tient juste un flambeau de la taille de ses deux jambes réunies. Bref j'en reviens à mes Moches. Je me décide donc à aller jeter un coup d'œil à ce truc là qui de prime abord ne m'attirait pas trop. Le conducteur du minibus, une fois de plus, semble vouloir en terminer avec son job et le jeune hèle les passants afin de vérifier la capacité brute de la camionnette. Pour le coup je me retrouve avec le popotin de mamie me dévissant la tronche... heureusement qu'elle sent bon, et les pieds sous une tonne de patates. Grace à dieu ce n'est pas loin. Je distingue déjà une espèce de pyramide énorme ce perdant dans le brouillard matinal et reflétant la lumière poussiéreuse du soleil. Certainement la pyramide del Sol, le guide (routard) lui donne 340 mètres de haut... ce doit être impressionnant... même si d'ici elle ressemble déjà plus à une montagne qu'à une pyramide.

On me largue au milieu d'un petit désert de sable en me disant de marcher tout droit vers la montagne... soit... La montagne s'avère être... une montagne... et la pyramide... temple... truc... se trouve devant. Pyramide tronquée, il s'y passait donc des sacrifices humains ayant pour but d'apaiser les Dieux lorsque qu'une catastrophe naturelle se produisait. Il faut croire qu'il y en avait souvent vu le nombre de squelettes retrouves au pied de la montagne. La pyramide tronquée était tout d'abord ce que l'on pourrait appeler un autel. Pas plus d'un niveau pour se distinguer du peuple. Mais chaque dynastie décidant de changer quelque chose du passe, recouvre totalement l'autel pour en faire un plus grand... À la manière d'une poupée russe... Elle avait un joli nom mon guiiiideeee Atali... À la fin de la visite je me trouvais vachement plus intelligent qu'à mon arrivée, le souci c'est que depuis j'ai oublie pas mal de truc... Pilleurs de tombes, Chimus qui viennent mettre leurs morts au milieu des Moches, le temps et les intempéries qui estompes les couleurs des frises extérieurs... et le sable du désert qui recouvre une cite qui avait du abriter 600.000 habitants. Pour finir je ne me souviens plus des jours et je me crois un dimanche 3 quand nous sommes un lundi 5... drôle de chose que le temps... Je suis à présent dans cette petite baie de Huanchaco, faites de sable, de terre et de mer. Les falaises se déversent et la mer roule excitant ses pécheurs et ses surfeurs prenant un pied bien frisquet dans cette ambiance automnale. Les cavallitos de tortora chevauchent les vagues et ramènent le poisson de mon Ceviche (plat typique a base de poisson cru macéré dans le jus de citron). Ces embarcations faites de roseaux sont chevauchées de pécheurs essayant d'attraper plus de poissons que de surfeurs qui piquent la tête la première dans les vagues qui vont crescendo. Les pâtisseries se déplacent à vélo et klaxonne l'affamé. Les jeunes filles pédalent, ne vous en déplaise, et rayonnent qd d'autres hommes soufflent et râlent sur ces "bicyclettes panaderia". Les enfants ramassent leurs pêches et enfilent des roseaux dans les ouïes de leurs poissons. Les doigts en V quand je les photographie ils hurlent et sautent pour mieux voir leur image dans mon appareil. Huanchaco est douce, fraiche, mais vierge de tout distributeur MasterCard... Trujillo me voila donc revenir vers toi le temps d'un retrait...

Viva cerveza...

jeudi 1 décembre 2005

Pérou 08

J'entends encore résonner à mes oreilles ces mots de Victor Hugo monopolisant la "flânerie" pour la seule ville de Paris... mais Victor Hugo ne connaissait pas Cusco et c'était là tout son tord !

Je ne sais si Cusco veut dire flânerie en Quechua ou en Aymara mais en Emryssien cela va sans dire !

Cette ville est faite selon le principe de la beauté. Chacune de ses rues respirent une ambiance, une envie, une couleur et ses rues de pavés miroitants attirent la godasse à l'arpenter. La Plaza de Armas distille un parfum mélangé d'innombrables fleurs dont, malheureusement, je ne connais pas les noms ; et tout autour, des arcades en pierre protège le badaud des chutes de pluie toujours rapides et fraîches comme un matin de printemps. Cusco c'est une ville multinationale... la plus visitée d'Amérique du Sud. Des péruviens ? Oui, quand même ! Mais aussi des israéliens, des croates, des italiens, des canadiens, des états-uniens, des français, des espagnols, des japonais et j'en passe... Les langues se mélangent et donnent un espéranto nouvelle mode. L'arpenteur est gentiment sollicité, les restaurants jouent au concours de celui qui sera le moins cher, et les boîtes deviennent cinéma de début d'après midi pour faire salle pleine.

Ici on est l'amigo de tout le monde pour peu qu'on soit souriant, mais si en plus on baragouine quelques mots de castillan, alors on passe de suite au stade "hermano". Les cireurs de pompes cirent toujours, au nom du bénévolat rémunéré. Mais c'est la nuit que Cusco prend son masque de satin et vous attire dans les locaux sombres où la musique assourdit et fait bouger inconsciemment le corps qui vous accompagne. Les boîtes de nuit, les bars se disputent le client et l'on devient le bienvenu partout... entrée gratuite oblige... et l'on est bien loin de l'ambiance franco-française de la nuit. La bière à 5 soles coule à flot et l'happy hour s'étend au-delà de la nuit ! Ceux qui voudront pourront même s'essayer aux hallucinations du San Pedro (cactus hallucinogène), avec ou sans chamane, voir même aux rails blancs qui vous emmènent au bout de la nuit. Le fruit défendu du Pérou ne se défend pas tant que ça et heureux de se laisser attraper, il emmène loin le curieux.

Je vivais donc chez Oliver, l'homme de la forêt, celui qui tant nous a fait souffrir dans l'Amazonie profonde et qui tant aura été généreux de retour sur Cusco. Lui et sa femme Carolina mène une vie simple et seine. L'homme est dégingandé et facile à saouler... une fois fait il gesticule en pleine ville en courant après les touristes américains histoire de leur refiler une carte professionnelle... les effrayant plus qu'autre chose... Il attrape au vol les bottes de carottes qui passent et croque crue les fruits et légumes d'où qu'ils viennent. C'est le Tom Sawyer des temps modernes. L'écolier des buissons. Entre les jeux d'échec que je perds allègrement (tonton j'ai besoin d'entraînement), les heures étendues au soleil à lire mes Misérables, les discussions amicales avec les êtres vivants aux abords des places, les bières bues goulûment au fond d'un trou ou au grand soleil... le temps cusquenien passe et il sera bientôt 20 jours (déjà) que je suis basé dans cette ville charmante...
Il est temps donc de mettre les voiles pour aller voir ailleurs ce qui s'y passe...

Si je m'écoutais ? Je crois que je resterai ici un mois ou deux de plus ? Pourquoi ?

Flâner.

mercredi 23 novembre 2005

Pérou 07

Trouver les mots pour décrire cette aventure de huit jours n'est pas une tâche aisée et depuis avant hier que je suis rentré je ne fais que repousser l'échéance où je devrai me mettre à table.

Il est 7h du matin et j'arrive devant l'agence Manu Perú Amazon. Oliver que j'ai rencontré avec Miléna avant de monter voir le Machu Picchu m'avait assuré que je vivrais une expérience unique en venant avec lui.

Alors c'est ce que nous allons voir. Mon sac est plein à raz bord et je commence a décharger les choses inutiles dans un cartons qui restera ici. En même temps je fais la connaissance de mes compagnons de route : Hen, Rotem, Doron, Pini et Annon, sont les 5 israélites, Luke, le p´tit gars de l'Oregon et Eduard le barcelonais. Les connaissances faites, les bagages montés sur le toit du minibus Toyota et nous voilà déjà en route vers les montagnes. Pour acheter du pain et les choses essentielles pas besoins de sortir de voiture puisque les marchandes se jettent aux fenêtres pour vous vendre tout ça.

Pour atteindre la forêt, il faut passer qqs petits villages perdus en montagne où les gens s'habillent tous en tenus très colorées et de manières encore plus innovantes que je n'ai pu le voir jusqu'à présent. Le bonnet péruvien à gros pompons de travers histoire de se donner un look un peu rebelle me fait sourire, tandis que les chiens péruviens sans poil (mais médicinal) se balade tranquillement. Le temps de manger un morceau au sommet de la cordillère et voilà que nous entamons déjà la descente à travers la forêt dans les nuages. La descente est longue et humide, car dans cette portion de jungle masquée par les nuages perpétuels, la pluie est présente en permanence. Nous atteindrons Pillcopata vers la nuit où nous faisons notre première escale dans le seul hôtel de l'expédition. Le temps de prendre une douche et me voilà dans la cour où Oliver me présente à ses amis indiens natifs. Je salue tout le monde en essayant de garder l'aspect le plus normal. "Voilà Willy qui va nous accompagner et voilà Carlos...". Willy est un natif bien bâti dont l'épaule gauche arbore une fière emprunte de Jaguar tatouée, il a le visage aimable et un sourire sincère. Mais à ce moment précis ce n'est pas Willy qui m'intéresse. Je m'assois sur le banc en bois et fais face à Carlos et deux femmes plus une petite fille. Sur cette table, une montagne de feuille de coca est étalée comme autant de cacahuète ou de Monster Munch pour un apéro. Aussi deux verres font tourner la bière entre nous tous et je me retrouve rapidement à mâchouiller tranquillement ma petite "bola" de coca. Mon œil, bien malgré moi, est attiré irrésistiblement vers ce petit bonhomme : Carlos. Le cou absent, il a la tête posé directement sur les épaules, et autour de cette tête un montant cocasse de colliers de graines de la forêt. Sa coupe au bol est ornée d'un bandeau qui, enfoncée sur son crâne, écrase les cheveux du milieu et forme autour une espèce d'auréole sombre. Ses yeux, je ne saurais en parler car il porte une paire de lunettes de soleil (en pleine nuit) style année 70. Ça lui donne un cachet irrésistible, ces lunettes rose immense sur le nez boudiné de ce natif sont un poème kitchissime. La tête arrivant à peine au niveau de la table il sourit de toutes ces dents, d'une espèce de crispation de la bouche, une grimace en quelque sorte. Quelqu'un a dû lui apprendre à sourire et il doit continuer à s'entraîner... car il vrai qu'à quoi bon sourire quand on vit toute sa vie en pleine forêt... À sa droite, la plus jeune des deux femmes à un visage charmant et une belle boucle d'acier au beau milieu de son nez. Son cou aussi orne colliers, dents diverse, et plumes. La femme de Carlos, la deuxième femme, quasi identique à la première, la grâce en moins, tient dans ses bras une petite fille qui comme ses deux aînées porte elle aussi ce petit anneau d'acier dans le nez. J'aimerais courir prendre mon appareil photo et immortaliser cette vision qui me fascine et je n'en ferais pourtant rien, incapable de m'arracher de ma contemplation. Mon appareil photo restera même, pour la première fois en 5 mois de voyage, la plupart du temps dans son étui, pour deux raisons, d'abord parce que Eduard possède un appareil quasi identique au mien et flashouille autant que moi et bien mieux a mon goût, et aussi car je n'en aurais jamais l'envie, préférant vivre à 100% ce qui se passe. "Stéphaaaaaan !!! Baja quiero que tomas fotos de la balsa !" Je me tourne et regarde ma montre. 4h30 du matin ! Je ne sens pourtant aucune envie de continuer à dormir. J'enfile mes vêtements et cours dehors rejoindre Oliver et Willy. Nous arrivons au bord du río Madre de Díos où trois ou quatre hommes nous rejoigne pour filer un coup de main à la construction des deux radeaux qui nous transporteront bientôt au cœur de la jungle. Les troncs de balsa sont déjà taillés et alignés le long de la rive. La pluie commence doucement à tomber. Il faut retirer l'écorce des troncs ce qui est l'affaire de quelques minutes car celle-ci se retire comme une peau de banane. Le bois est très blanc et facile à manipuler car très léger. Nous alignons 6 troncs avant de les rejoindre par deux transversales et de sangler le tout. Quelques coups de machette pour emboiter le tout et en quelques heures le tour est joué, nous avons deux fiers radeaux prêts à filer le long du fleuve.

Le reste de l'équipe se réveille bientôt et nous nous apprêtons à partir le temps de charger le raft pneumatique qui nous suivra avec tout le matériel. Rame au poing je me retrouve en tête de gondole. Les premières minutes seront les plus dangereuses de la rivière, il va donc falloir donner un peu d'huile de coude. Willy manœuvre la balsa. Les vaguelettes deviennent des vagues et les creux nous font bondir de plus en plus haut, mais rien n'entame notre joie. Ça ne fait pas cinq minutes que nous sommes partis quand un rocher énorme se présente juste en face de moi alors que je rame de toute mes forces pour l'éviter... mais le courant est d'une force énorme et notre balsa vient se planter le nez nous faisant faire un bond en l'air. Quand je rouvre les yeux, je suis toujours sur le radeau qui prend un nouvel élan dans les rapides, mais derrière moi il ne reste plus que Luke et Willy... nous avons perdu Edu et Annon... qui flottent dans leur gilet à qqs mètres de là. La récupération est facile et nous continuons notre descente avec une maîtrise du radeau qui s'affine doucement. Au bout d'une petite heure, Madre de Díos devient plus docile et nous nous arrêtons de ramer un moment. Le soleil est á présent haut dans le ciel et les épaules nues chauffent légèrement. Derrière nous le raft pneumatique transporte tout le barda, ainsi que la cuisinière et Ramoun, le chien noir du rameur qui devient rapidement la mascotte. Nous joignons les deux radeaux et commençons à faire les ânes. Le temps est long et le soleil cogne dur. Toutes les dix minutes nous plongeons dans l'eau tour à tour profonde ou pas, histoire de nous rafraîchir. Vers la fin de la journée, après maints secours portés à Ramoun le chien, notre radeau offre l'illusion parfaite de la Méduse, si ce n'est la forêt qui nous entoure... J'apprends par Oliver et Willy la légende du Paititi, ville légendaire dormant sous Madre de Díos, entre la terre et la Pachamama, ville d'or, au rivière de lait, et à l'herbe douce...

Mes épaules me lancent affreusement et je n'ai rien pour me couvrir. Nous arborons tous des couleurs rougeoyantes et j'appréhende déjà le jour où il va falloir mettre le sac sur les épaules. Nous passerons la nuit au bord de la rivière. À coup de machette, j'arrache qqs branches sèches des troncs jetés là en vrac. La nuit tombe tôt et vite. Nous sommes le 14... Nous aurons une pleine lune la nuit du 16. Quand il faut remonter sur le radeau au petit matin on espère déjà que le parcours va se terminer rapidement. Il nous reste 4h à 5h de descente. La joie de la nouveauté est passée et nous ne pensons plus qu'à nos épaules que le soleil à décider de continuer à creuser. Ma main me lance d'un chouette pinçon et d'une ampoule que je dois à l'utilisation de la machette... c'est là qu'on s'aperçoit que nos mains sont trop douces au contact de la plume et je me dis que c'est un prix bien doux pour endurcir ma peau. Shintuya est en vu. C'est là que nous finissons cette première partie du voyage. Nous accostons la balsa, et déchargeons le raft. Nous allons encore alléger nos sac à dos afin de répartir la nourriture pour quatre jours de jungle, que le raft transportait jusque là. Le surplus nous le laissons dans une bicoque d'un ami à Oliver. Quand je soulève mon sac et le pose sur mes épaules, mon cœur se soulève, la douleur me pénètre profondément. Je regrette mon insouciance de ne pas avoir voulut passer de t-shirt... Oliver est une personne vraiment intéressante, il a vécu 15 ans à faire faire des tours dans cette jungle de Manu. Sa connaissance en plante médicinale et faune est immense. Mais c'est aussi quelqu'un que la forêt à forgé et a rendu dur. Alors il est dur avec nous et ne se met pas forcément à notre niveau de débutant... il faut marcher ou crever... alors à peine descendu du radeau, nous enfilons quelques vêtements et nous voilà déjà partis pour la jungle. Il est 13h. Après 30 minutes de marche le long d'une piste, il s'arrête brusquement et se retourne vers nous. "Je ne vais pas répéter deux fois ce que je vais vous dire, alors écoutez bien ! Nous n'avons pas de sentier dans cette partie de la jungle. Je ne veux voir personne marcher de front... tout le monde à la queue-leu-leu. Aussi si vous vous arrêtez pour prendre des photos ou pour pisser sans avertir en moins de deux minutes vous serez perdus." Nous voilà au parfum. Sa cadence de marche est impressionnante et il porte sur son dos un sac de 150 litres plein à craquer, aussi marche-t-il en permanence pied nu... chose que j'ai essayé d'imiter sans succès... La chaleur est maintenant différente. Le soleil est masqué par la pampa et nous avançons dans une atmosphère humide qui ne nous quittera plus. Le premier campement nous l'établissons après 4h de marche. À cet endroit des braconniers du bois sont venus trancher quelques arbres pour en faire des planches éclaircissant un peu la forêt et permettant d'établir quelques tentes. À peine cela fait que le ciel est noir. Diana, qui cuisine s'établit une petite cuisine et commence à faire griller quelques branchettes humides. Nous nous asseyons tous autour d'un tranche de tronc qui servira de table et échangeons nos premières impressions sur la selva alors que déjà les insectes s'attaquent à nous (surtout au peaux sucrées, donc pas à moi... ce qui est plutôt pas mal). La faune lance quelques cris nocturnes. Notre première chouette rencontre sera avec le scarabée phosphorescent. Comme une petite luciole il brille d'un vert puissant. Mais différemment puisque comme les phares d'une voiture il s'éclaire grâce à deux lumières frontales. Aussi, inoffensif, nous l'attrapons entre deux doigts alors qu'il se met à craquer d'un petit bruit... tac tac tac... La pluie accompagne bien sûr notre souper, et nous ne tarderons pas à être assommé de sommeil.

Aujourd'hui il faut s'enfoncer plus profond pour établir un campement de deux jours. Le temps de tout re-packer et nous revoilà donc à avancer à coup de machette. "Nous passerons aujourd'hui plusieurs rivières, mettez donc vos sandales", sauf que moi j'ai des sandales mais que pour marcher avec c'est impossible... donc chaussures de marche, mais une fois trempé... aucune chance de les faire sécher dans la selva... Je commence donc par essayer de passer les rivières sans faire pénétrer l'eau dans la chaussure... ce qui devient vite impossible vu que nous nous enfonçons à mi-cuisse. La sueur est âcre et sent fort. Trempez d'eau et de sueur nous avançons toujours au rythme d'Oliver qui recourt souvent à Willy pour trouver le bon chemin. Vers 15h nous atteignons une colline dont le sommet est dégagé et où un toit en palme offre un abri parfait. C'est la propriété d'un ami indien à Willy et nous resterons ici deux jours. La journée n'étant pas finie, nous montons rapidement le campement avant de nous aventurer le dos léger dans la forêt espérant trouver quelque faune à observer autre que des oiseaux. Rapidement un arbre au loin bouge et le silence complet se fait parmi la troupe. Un couple de singe appelé Black Spider avance tranquillement devant nos yeux éblouis de cette drôle de chose que de voir la vie sauvage de cette animal qu'on voit si souvent dans une cage ou dressé. Une demi-heure durant, la bouche ouverte, les yeux tirant le plus haut possible, la nuque criant au secours je ne pourrais pas me tirer de cette contemplation pleine d'admiration infantile. Il va pourtant falloir avancer et je m'arrache de ma rêverie, pour m'entendre hurler "cours c'est infesté de fourmis rouges", au même instant de toutes petites morsures suivies instantanément d'une brûlure cuisante se propagent le long de mes mollets... Je cours... et tape avec ma machette sur mes jambes pour repousser les quelques fourmis qui s'étaient introduit dans mon pantalon... La douleur reste peu de temps et heureusement finalement que ce n'était que des fourmis rouge car la forêt abrite une autre fourmi qui elle, mesure 2cm et qui vous rend paralytique 6 heures durant à la suite de sa morsure. Je parle peu des insectes, mais c'est qu'il y en a tellement que j'en perdrais la tête. Les mille pattes, les araignées velues énormes, les scarabées, les fourmis, les moustiques de toutes les formes possibles et imaginables, les papillons gigantesques d'un bleu profond... tout est source d'admiration. Nous atteignons bientôt le but de notre marche... un abri pour observer le tapir, qui vient ici sucer les minéraux à la nuit tombée. Commence l'attente silencieuse de la faune sauvage qui se soldera au bout de quelques heures par un échec... le tapir n'est pas venu... soit... nous rentrons à la lumière de la lampe torche, et là encore l'expérience de marcher en forêt vierge en pleine nuit est impressionnante... un seul mot : respect. On ne se trouve tellement rien, au milieu de cette immensité que le respect s'impose de lui même. Au campement Oliver invente une nouvelle pipe pour fumer un peu d'herbe... après la pipe patate, voilà la pipe ceinture... il enroule une ceinture et se sert de la spirale pour fumer pépère. C'est là qu'il nous dit, "demain debout 7h on a pas mal de marche pour rentrer..." Rentrer ??? Mais ne doit-on pas passer deux jours à ce campement ??? Alors silencieusement je me mets à compter les jours sur mes doigts et m'aperçois qu'il manque un jour... je vais donc voir Oliver discrètement et lui glisse le mot... il devient blanc... il s'est planté et nous devons effectivement rester un jour de plus... sauf que... sauf que nous n'avons pas assez de nourriture pour un jour de plus... il se met à se trifouiller les méninges dans tous les sens... mais une seule solution se présente, il va falloir chasser, sauf qu'à 11 personnes, impossible de chasser, évidemment... Le lendemain la pluie diluvienne nous cueille au réveil. L'oisiveté de quelques heures se perd en taillage de bois, en jeux de cartes, en confection d'armes indigènes. Et quand la pluie s'arrête nous revoilà parti explorer la forêt alentour. Encore des singes, mais aucune trace de jaguar... est-ce étonnant avec le bruit de tout ce petit monde marchant ? Les petites coupures, les petits bobos qui sont notre lot quotidien sont soignés grâce aux plantes, et ma foi ça marche plutôt bien. Quand la nuit commence à tomber nous retournons à l’abri pour tenter d'apercevoir le tapir... qui ne se montrera pas plus que la nuit précédente... Oliver, lui, nous aura quittés un peu auparavant pour retourner faire quelque chose au campement. À notre retour pas d'Oliver... Diana à déjà préparer le repas et nous n'attendons pas le chef. Dans le groupe nous sommes assez peu a parler espagnol et peu peuvent communiquer avec Willy et Diana. Eduard, espagnol, Annon, qui s'est mis dès le départ à l'écart du groupe par une espèce de caractère antisocial au possible et moi. Je me retrouve donc souvent à discuter avec Willy et Edu de choses diverses que la jungle nous offre à comprendre. Willy nous explique tout et nous propose bientôt de rejoindre Oliver qui est en fait allé pêcher pour que l'on puisse manger demain, à la seule condition de ne le dire à personne car impossible de chopper quelque chose encore une fois si nous nous déplaçons tous... J'insiste tout de même pour faire venir Luke avec nous, car c'était finalement celui qui voulait le plus pêcher, et l'en priver me semblait injuste... Luke est un garçon sensible qui me fascine par le contact qu'il a avec la forêt. Il arbore toujours un sourire affable, et son amitié est sincère. Nous descendons donc la colline pour nous plonger à mi-cuisse dans la rivière dans le noir totale. C'est à peine si nous distinguons le contour des arbres découpés sur le ciel d'un bleu profond. Oliver est assis dans le plus grand silence, à mâchouiller infatigablement ses feuilles de coca, une ligne toute nue dans la main. Derrière lui est allongé un poisson-chien de 25cm... Sa seule prise en deux heures... ça ne s’annonce pas terrible. Willy s'approche de moi et me glisse doucement à l'oreille "vient voir"... Avec sa lampe torche, il éclaire un peu plus loin sur la rivière, où un point rouge sang se met à s'illuminer... Un caïman. Willy attrape sa machette et s'avance dans l'eau alors que je le suis d'une distance raisonnable, arrivé presque au niveau du caïman, il se jette sur lui et abat sa machette qui rebondit sauvagement sur la peau de l'animal qui s'enfuit aussitôt... Je suis pétrifié... "Dommage ça nous aurait bien nourrit..." Soit... Quand je finis d'apprêter ma ligne de pêche avec pour appât un morceau du poisson-chien, Oliver tressaillit et se lève brusquement ramenant à lui sa ligne... c'est un gros, poiss... tortue... Il a attrapé une tortue de belle taille... Je n'ai pas le temps d'exprimer ma surprise que déjà sa main s'est abattue sur la tête de celle-ci pour lui faire trois tours, alors que Willy lui tranche la gorge... faute de caïman nous aurons donc de la tortue... sauf que une heure après à peine alors que le dos tourné, tout le monde pêchait, l'œil accoutumé à l'obscurité ; dans un silence parfait quelque chose c'était approché et c'est quand un bruit nous alerte finalement que nous percevons le caïman de tout à l'heure (sûrement) s'échapper avec notre tortue dans la gueule... il nous reste finalement le poisson-chien à moitié entamé pour faire des appâts... Au petit déjeuner alors que nous dégustons ce poisson exquis, la pluie s'arrête une minute nous laissant le temps de packer avant de repartir le dos chargé vers la lisière de la forêt... La marche sera dure, car nous devons effectuer en une journée ce que nous avions fait en deux jours et le rythme d'Oliver ne s'est pas plus calmé qu'à l'aller. Mon pied me lance d'une saloperie d'abeille qui n'a rien de trouver de mieux que de me piquer sous la plante du pied... alors que j'avais les pied nu pour la première fois depuis pas plus de 10 secondes... Les bambous taillés au rythme de la machette me font quelques estafilades joliment placées sur les bras, alors que les coups de soleil viennent seulement de passer, comme si la douleur devait ne jamais vraiment finir et vous rappeler toujours que vous êtes dans un endroit où le danger est omniprésent. La sueur se représente dans son odeur infecte et pique mes yeux alors que les pieds dans mes chaussures de marche baignent de l'eau des rivières. Quand nous atteignons le village, un sourire malgré nous monte sur nos visage... la fatigue est présente, mais malgré tout notre première envie est de boire une bonne bière... bière qui nous sera finalement offerte par les gens de Shintuya... que nous ferons bien rire à raconter nos pauvres péripéties... "Faut vraiment en vouloir pour se foutre en pleine jungle !" Quand mes pieds finissent par sécher en plein air... c'est là que le mal se fait sentir... la peau sèche et craque entre chacun de mes orteils. La douleur est telle que je n'arrive plus à avancer... je marche pied nu car hors de question de remettre les chaussures mouillées auteurs de ce scandale ! Seulement ma vitesse de marche est réduite... je mets presque une heure pour rejoindre le centre du village pour dîner... Un peu de crème cette nuit devrait faire beaucoup de bien. Au matin la douleur s'est apaisée nous packons une dernière fois les tentes et nous dirigeons vers la route où un de ces camions qui transportent le travail de ces braconniers du bois doit nous ramener vers Pillcopata. Je croise alors Hugo, un des chauffeur de camion avec qui nous avions bien bu la veille qui m'annonce, non sans regret, qu'aucun camion ne partira aujourd'hui... Quand le reste du groupe l'apprend c'est le scandale et les israéliens se lâchent sur Oliver qui dépité ne sait quoi répondre tant les attaques sont répétés et certaines fois, aussi, juste, à mes yeux. Nous avons vu peu de faune, énormément marché, manger juste ce qu'il faut et tout ça à leurs yeux est inacceptable... ma doléance à moi, comme à Luke est plus douce, nous lui reprochons seulement les quelques petits mensonges qu'il utilise parfois pour nous faire avancer à son envie... sinon l'expérience ainsi que l'amitié qui nous lit est puissante. Mais fortifié de tout ça, et peut-être pour montrer son meilleur côté Oliver part à la recherche d'un camion, de plus belle... Aucun problème ne lui résiste et 10 minutes après le voilà revenant avec un Volvo rouge énorme et sublime, camion de transport de bois appartenant à un conducteur bourré qui ronfle sur le siège du passager à côté d'un Oliver souriant au volant de ce monstre. Rapidement tout le monde embarque... nous voilà tirés d'affaire... à l'arrière du camion nous établissons notre petit campement alors qu'au bout de 20 minutes à peine... le camion s'arrête et tente une marche arrière qui patine. Je sors rapidement du camion pour m'apercevoir qu'Oliver a loupé un virage un peu serré et que le camion est en mauvais posture... le problème et qu'il a calé et que personne n'arrive à le faire redémarrer... La manière péruvienne de réparer voiture ou camion est de prendre un marteau et de cogner un peu partout, et la plupart du temps... ça marche !!! Sauf que là non... on pousse donc pour essayer de le faire démarrer dans la pente mais au lieu de ça le camion sort de la route à moitié et s'embourbe définitivement sans avoir redémarré. Le conducteur bourré comme un coing s'allonge sur la route, et l'image de ce camion dans les fourrés avec son conducteur ivre mort sur la route nous fait sourire une seconde et oublier que nous sommes au milieu de nul part... sans grand espoir de nous en sortir ce coup-ci. Willy part pourtant en avant en espérant trouver quelque chose... alors que Luke et moi en désespoir de cause passons le temps à la confection d'un chouette barrage dans la rivière qui coupe la route en contrebas. Quelques heures plus tard un bruit nous éveil et Willy triomphant revient avec un autre camion. Il a trouvé sur la route un conducteur bullant par là... après quelques piètres tentatives pour sortir le Volvo au moyen de câbles, nous transvasions nos affaires dans le deuxième camion qui nous transbahutera jusqu'à Salvación où nous jouerons Edu, Doron, Luke et moi un match de foot contre les locaux... match serré qui se soldera par un 3 à 3 et une sueur toute différente de celle que nous connaissions depuis une semaine. Là, alors que la nuit est déjà bien avancée, nous finirons par trouver un petit pickup qui accepte de tous nous entasser à l'arrière. 10 personnes plus tous les bagages sur la plate forme de 3m² voilà du cocasse. Mais nous atteindrons finalement le petit hôtel que quelques jours plus tard nous quittions sur nos radeaux. La nuit fut courte, entre la bière et les jeux de cartes, et au petit matin nous rechargeons le minibus Toyota qui nous tirera vite fait de la jungle... Vite fait ?... C'est ce que nous croyons... les doigts de pieds en éventail dans la chaleur du minibus que la pluie entoure. Mais qqs heures après le départ alors que nous montions à travers la forêt dans les nuages, la pluie forte a déversée une partir de la montagne, terre et arbres compris sur le petit bout de piste au bord du précipice... Les seuls vêtements sec que j'ai sont ceux que je porte à ce moment là, pourtant nous sortons et les pieds nus dans la boue à coup de pioche de pelles et même à mains nus nous commençons à essayer de déblayer la route. C'est une bêtise, évidemment car comment 6 petits gars peuvent déblayer 8 mètres de terre avec une pioche, deux pelles et une machette... bref, effort inutile, on se retrouve tous crade à un point non-atteint jusqu'à présent et transi de froid dans cette pluie glaciale de la partie haute de la jungle... Après la renonciation... tout juste, un bulldozer arrive...

Dégoûtage... Ça devait être une dernière petite épreuve de la part de cette sacrée forêt... Dernière épreuve ? Oui, je vous rassure, il n'y en a pas plus... la suite est un long voyage frisquet dans le Toyota... et l'arrivée finale à Cisco où Oliver me propose de prendre quartier chez lui, ce que je ne refuse pas.

Je dors donc d'un sommeil profond dans cette grande pièce nue, avec Edu, dans l'hospitalité simple de ce grand bonhomme dont la porte est toujours grande ouverte même par temps de pluie.

Je vous salue si vous avez réussi à lire mon pauvre récit jusqu'ici...

J'ai tranché au vif dans les 1300 photos que nous avons fait pour en mettre que quelques unes sur le site. Demain, un petit tour de trois jours sur le rio Apurimac, va me garder en bonne forme.

dimanche 13 novembre 2005

Pérou 06

C'est d'abord une grosse boule dans la gorge qui monte, et puis rapidement, c'est fini. Elle est partie.

Après cette fameuse route du Chaco, quoi ?

Eh bien, un long marathon de bus le long de la Bolivie et du Pérou pour atteindre finalement Cusco. L'émotion nous a gagné en atteignant La Paz, nous connaissions ces rues, nous connaissions quelques personnes là-bas... déjà presque deux mois que nous avions quitté cette ville et il nous semblait que c'était hier. Et puis Cusco, cette fameuse ville dont tout le monde parle, ce lieu fixe du tourisme péruvien, cet endroit que nous ne voulions pas aller voir la première fois de passage dans le coin. Un tel rabattage nous avait été fait, encore et encore, on s'est dit "essayons", au moins l'opinion nous sera propre. Alors nous y voilà et déjà nous entamons la recherche du meilleur prix pour monter au Machu Picchu. Je m'explique. Depuis que je suis arrivé, mille conseils, avis, renseignements se sont entrecoupés, vérifiés, contredits... D'abord j'avais le souvenir lointain du récit de Kams, mon frère de voyage, mais tout était flou dans ma tête, et mis à part une photo de lui marchant le long des rails du train... le noir. Ensuite ce fut un amas de : "Oh la ! Pour monter au Machu Picchu, c'est minimum 150 dollars par personne la journée", "Le Machu Picchu ? Moi je m'en suis tiré pour 80 billets !", "Mais qu'est-ce qu'on t'a raconté ! Si t'es un peu motiv' tu peux le faire pour 60 dollars pas plus !"... Bref un vrai casse-tête, et ne comptons pas sur Le Routard, ce vieux roublard toujours en retard de 4 ans sur la "soit disante" nouvelle édition !

Nous voilà donc à l'Office du Tourisme (toujours au top du renseignement). La meilleure solution est simple, il faut prendre un billet de train partant d’Ollantaytambo direction Aguas Caliente... Pour aller à Ollantaytambo, il faut prendre un bus (1h45 pas plus !). Ensuite à voir si l'on veut gaspiller 12$US de plus, car d'Aguas Caliente une seule compagnie de bus règne pour monter le flot de touristes à l'entrée du site. Notre option aura été celle-là de prendre un bus de Cusco à Ollantaytambo, où il aura fallut faire des pieds et des mains pour avoir un ticket de train (40$US A/R) partant à 20h. Une heure de retard nous amènera à Aguas Calientes à 22h40. Nuit courte, car le départ à pieds pour Machu Picchu (économie de qqs dollars) nous le commençons à 4h30 du matin, histoire d'arriver à l'ouverture avant les bus. Pari gagné puisque vivants, bien qu'à bout de souffle, nous arrivons enfin. Peu de monde nous a précédé et nos yeux s'ouvrent grands sur ces constructions jusqu'à présents restées cacher. Le ciel est bleu et notre souffle se rallonge lentement. Nous ne regrettons pas ni la dépense ni l'effort... Cependant nous n'avons pas fini de donner car il va falloir profiter de la fraicheur matinale et du peu de monde pour grimper de WaynaPicchu (Montagne Jeune) que l'on voit en principe toujours sur les photos. C'est un pain de sucre que l'on monte presque à l'aide de ces mains puisque la falaise est vertigineuse. Et au bout, la récompense finale... la vue. Le MachuPicchu revient à 40$US de train (minimum en ce déplacant jusqu'à Ollantaytambo), puis à 20$US d'entrée sur le site... 10 pour les étudiants internationaux (merci ISIC)... Ce qui m'a amené le tout à 50$US... Voilà pour le technique, le fade, le sans intérêt...

Ce qui importe le plus c'est d'ouvrir encore plus grand les yeux, qu'à l'habitué. Les pierres incas sont jointes d’une manière qui vous fait défaillir, et coller son oreille à la paroi c'est se ressourcer de minéraux ancestraux. Bien sûr, il y a du monde, mais finalement peut-on en vouloir au monde
de connaitre un tel élan ? J'ai entendu dire que, victime de son succès, le Machu Picchu fermerait peut-être un jour au public, car la foule détériore ce que plusieurs siècle d'abandon à l'état sauvage à
pu sauvegarder. Je ne sais pas où ils voient la détérioration, car le site est entretenu à la perfection, c'est beau de propreté ! Le point noir est évidemment le prix à payer, mais je n'ai finalement rien
regretté. Et puis cette vue depuis les 2710m du Wayna Picchu est à couper le souffle. On s'assiérait des heures si, grâce à dieu, le soleil ne tapait pas si fort... Car nous avons eu la chance d'avoir un
ciel bleu entre deux jours de pluie.

Le retour se passe à 5h45 du matin, il faut reprendre un train... bref ce n’est pas de tout repos... mais ça vaut vraiment le coup !


Maintenant, me voilà de retour sur Cusco... et je viens de laisser Miléna partir seule vers Lima où elle prendra son avion demain. Drôle de chose à vivre. Drôle...

Pourquoi ne pas la raccompagner jusqu'au bout après avoir traverser la moitié du continent dans l'urgence et ensemble... Parce que au détour d'un petit chemin Cusquenien j'ai rencontré Oliver qui dans sa petite agence me propose de partir 8 jours en forêt vierge d'une manière inoubliable... alors forcément j'ai accroché et Milena voyant mon œil brillant a compati... Le départ sera demain aux aurores... je vous dit "au 21"...


Emrys

PS : un chouette site que je ne connaissais pas : http://www.n7w.com/ pour élire les 7 nouvelles merveilles du monde...

lundi 7 novembre 2005

Bolivie 05

Avant hier nous étions à Ascención, et comme mon avion part dans très peu de temps maintenant, il nous faut sélectionner les villes où nous souhaitons passer le plus de temps. Nous n'aurons donc fait à Ascención qu'une journée et attendu le bus de 19h00 qui nous emmènera en 20 heures à Santa Cruz en Bolivie. Stéphan a insisté pour ne pas aller directement à la Paz. Le guide nous a effectivement annoncé un voyage prometteur si nous faisions ces 20 heures de trajets en passant par la route du Chaco...

Je sais que Stephan ne manquera pas d'écrire ces propres mots concernant ce trajet, mais pour vous donnez mes impressions, je vous cite simplement ici mes quelques lignes écrites durant ce parcours ...

" -05 Novembre 2005-

Hier c'est vrai la journée a été plutôt longue en attendant ce bus. Mais aujourd'hui nous y voilà ! Et bien comme il faut! Nous sommes partis hier soir, 19h00. Nous nous sommes endormis tard après de longues conversations et nous commencions à voir par la fenêtre quelques gouttes de pluies frapper sur nos vitres. Nous ne commencions alors qu'à nous inquiéter légèrement, sans savoir pourquoi, juste parce que nous avions lu que la traversée du Chaco ne durerait que 24 heures maximum s'il n'y avait pas de pluies !

Mais voilà, nous sommes le matin et ....il a plu. Le problème c'est qu'ici les routes ne sont pas faites. On est situé entre le Paraguay et la Bolivie, ni chez l'un, ni chez l'autre. Les bus s'embourbent toutes les 10 minutes et ça doit faire maintenant trois heures qu'on avance à tout petit pas! Les gens sont descendus pieds nus du bus pour aider à pousser, et de temps en temps un tractopelle ou un camion s'arrête pour nous aider à avancer. La route est prévue pour 2007 !!! Avec Stephan on ose imaginer que ce sera à peine fait en 2010. Sur notre droite on voit le route qui se dessine avec une fine couche d’asphalte sur laquelle on ne peut pas passer de peur qu'elle ne s'affaisse ! Du coup d'énormes troncs d'arbres sont posés tous les 50 mètres pour qu'on ne puisse pas circuler dessus. Et la BINGO...c'est bien ce qu'il se passe ! Stéphan est descendu prendre des photos superbes et impressionnantes! Nous sommes deux bus à nous suivre et toute à l'heure le premier avait quasi entièrement la soute dans la boue!.... (je m'arrête un moment car le bus redémarre et il m'est difficile d'écrire tellement ça bouge)
Seconde partie !!...Quel voyage! Après avoir passé la douane, les contrôles de passeport, les fouilles multiples... nous revoilà dans la galère!... Alors que nous échangions des mots doux et que tout le monde dormait dans le bus, nous voilà Stephan et moi surpris par un énorme BOOM !!! Le voyage est déjà repoussé avec une heure d'arrivée à Santa Cruz prévue pour 23h00 au lieu de 17 h00, mais là c'est la totale !! Stéphan va voir, descend du bus et remonte 10 minutes après en me disant avec un grand sourire: "
Exceso de velocidad..." la barre de transmission je crois, longue d'environ 2m50 est restée sur la route à 50 mètres plus loin! Apparemment pas d’affolement, les chauffeurs sont habitués! Ma foi ...

Au départ il était prévu 20 heures de bus, au total combien en ferons-nous... Surprise!!!"
Voilà donc où je me suis arrêtée. La fin de l'histoire...et bien nous nous sommes aperçus qu'en tombant, la barre de transmission avait fait un trou dans le réservoir d'essence, que les chauffeurs ne savaient plus comment faire, et nous avons attendus au moins une demi heure au bord de la route si ce n'est pas plus. Ensuite un bus qui passait par là s'est arrêté et nous à remorquer jusqu'au terminal de bus à Santa Cruz à 2h30 du matin...
Je laisse à Stephan le soin du détail...mais mon Dieu quel voyage !!!!
Bises à vous. Mi.


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La route du Chaco, voilà un nom qui résonnait en moi comme un appel à la découverte. Nous n'avons pas le temps de nous éterniser au Paraguay, malheureusement, mais l'aventure de traverser le pays par la frontière Bolivienne me semble indispensable... et pour cause.
Nous voilà donc à bord de ce fameux vaisseau, le bus Rio Paraguay, avec Air... Naturel !!! La transpiration monte donc... la chaleur est humide et moite et la crasse n'est pas belle à décrire. Je m'attarde sur quelques lignes prisent d'un côté sur le Lonely Planet du Paraguay et de l'autre sur le Routard de la Bolivie. Je cite :

... peut-être croiserez-vous des Mennonites dans la ville ou en chemin vers les missions ; il s'agit des membres d'une secte anabaptiste fondé au XVIeme siècle en Suisse, qui refuse toute autre autorité que celle de la bible. La majeure partie de leur communauté vit aujourd'hui aux Etats-Unis, mais ils se sont également établit au Mexique et au Paraguay, les autres pays qui assurent une rotation régulière entre les différentes communautés. Ils vivent entre eux, à l'Est de Santa Cruz, principalement du produit de leur agriculture. Dans les marchés, ils tiennent en général les étales de fromage. Côté vestimentaire, ça louche du côté « Petite Maison dans la Prairie ».

Puis tout en lisant je tourne la tête sur la gauche et je vois embarquer dans le bus, Charles Ingalls accompagné par rien de moins que 10 enfants (dont un encore dans le ventre de sa mère) leur mère et leur grand père !

La petite maison dans la prairie est un euphémisme, et plutôt que nous retrouver spectateurs de ces étranges individus, nous devenons bien au contraire l'élément curieux, attirant les yeux et les sourires des enfants ! Ils ont les ongles terreux, les habits de leurs aînés, la coupe du siècle dernier, et chacun une paire de Doc Martens usée jusqu'à la croute. Je n'ai jamais vu un groupe d'enfant aussi sage et discret, malgré leurs yeux scrutateurs !!! 9 gamins âgés entre 1 et 16 ans... et espacés gracieusement en âge, ça fait forcément du bruit, du chahut. Eh bien là non, du jamais vu... et puis d'un coup j'aperçois la petite coupure sur la lèvre du jeune à côté de moi ! Evidemment je ne peux rien conclure, et je ne conclu rien, mais la gueule du père à moitié ensuqué ne m'a pas laissé un souvenir des plus agréable. Ces gens là parlent le Guarani, un savant mélange de la langue indigène pratiqué avant la colonisation, d'allemand et d'espagnol. ¡Ñembopyahu!

Le résultat donne un truc incompréhensible à mes petites oreilles ("_Dis donc tu as de grandes oreilles ! _ Je tiens ça de mon grand-père. _ De quel côté ? _ Ben des deux, il aurait l'air con avec une seule grande oreille !!!" sic Milena et Stephan sur l'Ile d'Amantani).
Et puis les mœurs changent tellement... nous sommes choqués outre mesure quand nous apercevons le père et les enfants jeter à tour de rôle les ordures par la fenêtre. Je bougonne alors, discourant, au frais de ma compagne, sur l'écologie, la morale... tout en donnant sagement mes ordures au chauffeur me tendant le sac poubelle prévu a cet effet. Fier de moi et de l'univers je regarde par la fenêtre ce paysage si sérieux qui traverse d'une ligne de boue le paysage du Chaco, quand d'un coup, depuis la cabine du chauffeur je vois voler le fameux sac poubelle en direction des fourrés... Imaginez ma déconfiture !


Le soir est arrivé rapidement après notre départ, et nous sombrons dans un sommeil lourd et transpireux. C'est à deux heures du matin que l'on nous réveil pour les formalités de sortie du Paraguay et le tampon sur le passeport (sans le tampon, t'es mort !). Dehors, le désert. Au milieu, un cabanon. Je cherche pourtant sur l'horizon ce qui ressemblerait à un poste frontière, mais rien que ce cabanon. Il faut donc se rendre à l'évidence. Une queue se forme sous la lumière blanchâtre du seul néon éclairant la porte de ce cube de 3 par 3. Et la voix roque d'un réveil non anticipé nous appelle un par un : "siguiente !". À l'intérieur, un homme à moitié endormi nous prend les passeports ; derrière lui, deux hommes dorment sur des lits superposés en fer blanc. Ils sont sales et sentent l'humidité. Du ciment orne leurs rotules, et la lumière criarde ne semble pas les inquiéter. Nous passons au crible du douanier : "Vous êtes venus faire quoi au Paraguay ? _ Ben, visiter... (mauvaise intuition) _ Et vous croyez avoir compris le Paraguay en un jour vous ? (Là deux solutions, soit on s'engage dans une explication spatio-philosophique, soit on joue aux cons... bref, on joue aux cons...) _ Ben non hein, mais on compte bien revenir..." Le tampon acquis on s'échappe pour aller se recoucher. Le ciel se zèbre d'éclairs permanents et dans ma tête résonne cette phrase "Jusqu'à Santa Cruz ? 20h... Si il pleut par contre... ahahah". Black out.

La lumière s'infiltre doucement mais sûrement à travers mes paupières... je fais l'effort de regarder ma montre : 7h. Je referme les yeux. Puis soudain Milena me dit, Oh j'ai vu le plus bel arbre de ma vie... un vrai champipi!, et j'ose rouvrir les yeux, mais cette fois je serai bien incapable de les refermer. Je parlais de rouge et de vert... et bien je confirme... bien qu'avec un ciel bleu les couleurs aurait été éclatante. Nous filons (toujours dans le Paraguay, car le poste de douane se trouve 400km avant la frontière) sur une piste boueuse. Il aura plu toute la nuit. Le bus tangue comme un bateau, et qd les yeux se risquent à l'extérieur, on y voit effectivement de l'eau. On avance donc dans cette mare, avec un bus dont le cul se balade de droite à gauche en priant que les conducteurs aient pratiqué au moins une fois dans leur vie de la conduite sur glace !

Et puis soudain, c'est le drame... pas tellement dramatique que ça par ailleurs si l'on en croit le fou rire des employés. Le bus qui nous précédait s'enlise complètement dans 50cm d'eau... les soutes baignent, et les passagers sont coincés dedans au risque de se mouiller les pattes.
Il faut croire que ça arrive régulièrement car un tracteur viendra tirer le bougre de bus hors de sa bière et relancera haut les cœurs la course poursuite du Chaco... je passe les diverses enlisements qui se résoudront toujours avec cette simplicité du sourire, et j'en viens à la nuit suivante...
Évidemment, vu la pluie, nous n'escomptions plus arriver avant la nuit à Santa Cruz. Il est donc 21h et la nuit est noire quant au milieu de notre rêverie un bruit épouvantable se fait entendre... un bruit qui dure... ça claque, ça tape, ça grince, et d'un coup l'explosion... nous prions, l'espace d'une seconde !

Je me mets à courir après les chauffeurs qui sont déjà loin derrière le bus. Quand je les rattrape enfin, l'un d'eux tout en mettant l'arbre de transmission de la propulsion du bus sur l'épaule, me lancera, "on allait un peu trop vite, mais c'est rien on va réparer ça en deux deux..." malgré moi, je ris. A-t-on jamais vu un bus perdre son arbre de transmission à 100km/h en pleine nuit sans lune.

Comble, le temps de s'arracher définitivement de la carlingue, le long axe aura eu le temps d'esquinter les réservoirs de carburants. Nous voilà donc cloué. Il faudra attendre qu'un autre bus prenne en charge de s'arrêter et de nous escorter jusqu'à Santa Cruz où nous arriverons à 2h30 du matin.

Je vous ai mis en ligne quelques photos pour vous donner une idée du truc.
http://spaces.msn.com/members/troubadourcoquelicot/
still...

Nous prenons un peu le temps de profiter de Santa Cruz, puis ce sera direction La Paz... 20h... puis Cusco... 20h, puis Lima... aucune idée...

Emrys

vendredi 4 novembre 2005

Paraguay

Certains d'entre vous ont dû s'apercevoir qu'il y a souvent un décalage entre le titre et l'écrit de l'email. C'est parce que le bougre qui vous narre l'histoire n'a pas tôt fait d'arriver quelque part que déjà ses doigts lui brûle de raconter. Ainsi donc me voilà au Paraguay, mais j'y parlerai bien plus de l'Argentine où je séjournais durant ces quelques derniers jours. Je me disais tout à l'heure en faisant les 6 heures de trajets traversant le pays depuis Ciudad del Este jusqu'à Asunción: "Fichtre ! Le bon Dieu ne devait plus avoir que deux couleurs sur sa palette ! Le vert de la végétation et le rouge de la terre du Paraguay nous offre en deux notes une symphonie de couleurs émouvante." Voilà donc quatre jours, nous arrivions à Puerto Iguazu, après une lutte des transports depuis Montevideo (Uruguay). Ce petit hôtel que nous avions débusqué et qui pour une poignet de figue nous offrait le luxe d'un 4 étoiles (piscine, dvd, billard, petit dej’, internet...), et nous a décidé a nous y reposer trois jours, le temps de prendre un léger, mais féroce coup de soleil, et de voir les fameuses chutes d'Iguaçu, deuxième (première selon les locaux) plus grosse chute d'eau du monde... Nous sommes arrivés par grand soleil, et celui-ci a persisté jusqu'à notre départ, mais la semaine précédent notre arrivée la pluie avait été telle que pour la première fois depuis 20 ans, le niveau d'eau avait tellement monté que les installations touristiques des chutes ont été emportées et que le fleuve avait eu une crue de 10 mètres. Nous n'aurons donc pas connu les chutes blanches d'Iguaçu, mais le fleuve tumultueux et boueux au débit impressionnant ! Alors voilà, ce matin le bus partant de Puerto Iguazu (Argentine), nous a conduit a travers la petite route traversant Foz do Iguçu (Brésil), pour arriver a Ciudad del Este (Paraguay)... formant les trois villes frontières entourant les fameuses falls ! Le trajet se fait en une heure... et en un siècle. Je m'explique. Le trajet physique ne dure qu'une heure ; c'est le développement social qui fait un siècle... un bon d'un siècle en arrière, le même choc que le passage de la Bolivie au Chili, mais à l'envers. Ce passage de la modernité, à l'absence de logique, de moyen et de commerce moderne est une drôle de claque, surtout quand on ne s'y attend pas le moins du monde. 1€ vaut 6700 Guaranies (monnaie paraguayenne), et l'adaptation est difficile. Le pays à l'air si différent de ce que j'ai pu voir, se rapprochant tout de même à la Bolivie sous quelques aspects. Les bus reprennent leurs fanfares multicolores, les rues ressentent le vieux gasoil, le teint redevient basané, et la langue prend un accent espagnol arrangeant les R à la manière des américains ; une déformation dû selon moi à la deuxième langue officiel du pays (Guarani), selon Milena au portugais (proximité Brésilienne). Comme je le disais au début de ce courrier, l'impatience me fait écrire trop vite mes impressions qui finalement sont simplement des ressentis rapides. Je ne connais donc rien du Paraguay pour l'avoir simplement côtoyé une journée... et malheureusement je n'en connaitrais pas plus car nous prenons demain soir un bus traversant la région du Chaco pour rejoindre Santa Cruz de la Sierra en Bolivie. L'avion de Milena nous tient, et nous nous devons d'être prudents quant à la date du départ approchant. Ne connaissant ni la route sur laquelle nous nous hasardons, ni le temps qu'il va falloir pour faire les dernières choses qui nous attirent vraiment... sans parler non plus des péripéties probables... bref un tas d'interactions possibles nous pressent et nous invitent à nous rapprocher rapidement du Pérou. Je parlais de la région du Chaco que nous traverserons demain ; c'est la route traversant les missions jésuites paraguayennes, dans le nord
ouest du pays, la seule route le reliant à la frontière bolivienne ; route traversant la forêt. Poussière et chaleur humide donc au menu des prochaines 24h de bus.

dimanche 30 octobre 2005

Uruguay

Je croyais dur comme fer vous avoir parlé du maté, mais il semble selon toute évidence qu'il n'en ait rien... Je m'en excuse, car le maté est la religion de l'Argentine.

Je m'explique... Les indiens fument le calumet de la paix, les français échangent un petit verre de rouge, les anglais une tasse de thé, les marocains du thé également mais eux, à la menthe exclusivement... Les argentins échangent leur maté. Pour les péruviens ou les boliviens, le maté symbolisent l'infusion de la feuille de coca ou de muñeta... mais pour les argentins c'est le contenant que l'on nomme ainsi. Faite dans du bois ou initialement dans une calebasse on y met de la yerba (prononcer cherba) amer ou douce selon le goût, ajouté à du sucre et l'on ajoute de l'eau chaude. Le tout s'aspire par une espèce de paille en métal filtrant directement la yerba dans le maté, que l'on appelle bombilla. L'aspect de l'ensemble fait penser à une de ses pipes de marins que l'on appelle brûle-gueule, avec son grand fourneau et son tuyau court. Comme le calumet de la paix déjà abordé, le maté se prête et tout le monde boit dans le même, jeune ou vieux, sans distinction, c'est là un signe de bienvenu, d'amitié. J'y ai eu le droit à différentes occasions, et c'est d'autant plus impressionnant que tout le monde en boit à toutes les heures de la journée, au bureau, au magasin...

Si je repense au sujet aujourd'hui c'est que justement j'ai quitté l'argentine hier et qu'avec Milena nous avons sur notre passeport le tampon d'entrée à la République Oriental del Uruguay. Ce pays si discret coincé entre les géants de l'Argentine et du Brésil, ce petit pays que les argentin nomme sournoisement une de leurs provinces, et qui été appelé autrefois la Suisse sud américaine. Ce petit pays se dispute la création du Tango... Montevideo et Buenos Aires réclament toutes deux l'invention. Et dans ce petit pays l'accent est similaire à l'Argentine. Alors qu'en est-il du maté ? Eh bien le maté y existe aussi ! Que dis-je, il n'existe que ça ! Les gens en boivent tellement que l'on se demande si il y en avait vraiment en Argentine finalement !!! Les gens dans la rue portent tous un thermos et leur calebasse à la main, en sirotant "de longue" leur nectar. J'ai beau essayer de les prendre en photo en flagrant délit de succion, chaque fois la timidité me monte aux joues (moi !!!) et je me retrouve dans l'impossibilité de faire une photo convenable, comme un OVNI qui nous fait trembler les mains, le rite du maté semble tirer parti du mystère... Je laisse de côté mes considérations assoiffées. Oui, nous voilà en Uruguay, pour peu de temps malheureusement puisque nous repartons demain. Un détour par là s'imposait depuis que j'avais entendu quelqu'un, à La Paz, comparer la ville de Montevideo à Cartagena en Colombie... Cette dernière a tellement enflammé mon cœur que je me devais de vérifier tout ça de mes yeux... mais... non... rien à voir. Montevideo de nuit me fait plus penser à Gotham City (Batman pour les incultes) qu'à autre chose, alors je me demande si mes oreilles ne m'avaient pas jouaient un tour et confondu Montevideo avec Colonia del Sacramento (si on le dit très vite c'est assez ressemblant). Car effectivement c'est déjà plus proche. Nous sommes arrivé hier à Colonia, après une traversée de trois heures passées dans le sommeil, nous amenant de Buenos Aires. Après avoir trouvé un bus en début de soirée pour rejoindre la capitale, nous avons loué un scooter pour faire "le tour du proprio". L'Uruguay est un pays de 4 millions d'habitants, disent fièrement les Uruguayos, alors qu'ils n'en possèdent que 3.5 selon les dernières statistiques. Autant dire que c'est moins peuplé que Nice l'été... Colonia abrite 29000 habitants et a été nommé patrimoine mondiale de l'humanité par l'Unesco depuis 1995 "Fondée par les Portugais en 1680 sur le Río de la Plata, la ville avait une fonction stratégique face à l'Empire espagnol. Disputée pendant un siècle, elle fut finalement perdue par ses fondateurs. Son paysage urbain préservé, mélange de solennité et d'intimité, est un exemple de la fusion réussie des styles portugais, espagnol et postcolonial." Les cheveux dans le vent (pas de casque ici) nous découvrant les plages de sable blanc, contrastant fortement avec les eaux boueuses du Rio de la Plata. Le vent froid nous interdit malheureusement de nous baigner (il faut croire qu'on tire des leçons du passé). Alors voilà où nous en sommes. Mes chaussures ont à présent des trous qui laissent passer de l'eau sous les semelles, le jean s'use, le T-shirt blanchit, nous sommes le soir d'Halloween et je ressemble à une goule ! En venant jusqu'au cybercafé je regardais de l'autre côté du trottoir une bande de gamins déguisés en sorcières, qui sonnaient aux interphones en riants, et de l'autre côté un papy, les larmes aux yeux, des larmes de rire de voir les enfants si joyeux. Joyeux Halloween à tous. Le capitalisme nous amène un tas de fêtes nouvelles, autant s'en servir à bon escient. La fête c'est fait pour s'AMUSER !


Spectacle : El hombre de la mancha est une comédie musicale que nous avons vue, Milena et moi, à Buenos Aires, avant de partir. La prestation était, à mon grand regret, assez médiocre si ce n'est celle de Raul Lavie qui interprétait Cervantès et Don Quijote, et celle du comédien jouant son fidèle Sancho. Mes yeux ce sont agrandis en entendant interpréter La Quête de Jacques Brel en espagnol, mais plutôt dans le bon sens, alors j'ai passé l'éponge... Seul avantage : j'ai à présent une petite idée de ce que peut être l'histoire de Don Quijote... et l'envie de m'y atteler plus sérieusement aussi !

En attendant de pouvoir vous en raconter plus...

PS : Pour ceux qui suivent le trajet de nos tribulations latines, qu'ils ne se posent pas la question... nous retournons à brides abattues vers le Pérou. Pourquoi ? Parce que ma chère et tendre a prit un billet de trois mois et que les trois mois arrivent à expiration et qu'un retour seul coûte les yeux de la tête ! Nous voilà donc obligé d'être de retour là bas pour le 13 novembre, jour de l'envol. Je vais une fois de plus me retrouver seul... mais ouiiiii elle reviendra, le temps pour elle de passer les fêtes et Hop la ! Le cul dans un avion pour rentrer !


PSS : Pour une liste exhaustive des patrimoines de l'humanité selon l'UNESCO, cliquer ici http://whc.unesco.org/pg.cfm?CID=31&l=FR

mercredi 26 octobre 2005

Argentine 08

Conducteur du bus n°64 : "¿Van al Caminito? Entonces, deben bajar acá." (Vous allez au Caminito ? Alors vous devez descendre ici.)

L'air distille un vieux tango, et l'eau croupie du petit port, une odeur âcre. Nous sommes à La Boca, ce quartier si connu pour ses façades hautes en couleurs et son tango. De l'arrêt de bus, on devine de loin les petites ruelles et les rouge, vert, jaune, bleu des maisons... tantôt de ciment, tantôt de taule ondulée. Des danseurs de tango prêts a poser, des aquarelles de façades suspendues aux façades, de l'artisanat d'usine, nous revoilà dans le monde impitoyable du tourisme qui grignote jusqu'aux choses les plus authentiques... même les plus pauvres. Les couleurs des murs sont passées et tirent sur le pastel ; on constate le temps qui s'en va grâce aux cartes postales. Dans notre chemin nous finirons par avoir faim. Malheur à qui veut manger dans un lieu touristique... on y mange du pigeon ! Les rabatteurs s'arrachent les propriétaires de billets verts... mais n'en possédant pas, on nous mettra de cotés... les halls a tango sont fait pour le clinquant ! Alors on marche et on repasse devant ses aquarelles que je regarde ce coup-ci connaissant déjà les murs. Mon œil est tiré par une jolie série de danseurs de tango l'encre de chine, et il faut croire que c'est une bonne fortune car c'est la que nous allons rencontrer Pedro, ce petit vieillard, auteur des dessins. Le hasard veut que je plaise a cet homme dont le physique m'inspire une douce contemplation. Sa barbe couronne son visage d'une douceur angélique, alors que ses yeux, grossis par les loupes de ses lunettes en écailles, me dévisage. Je lui ai dit que je jouais du théâtre et depuis cet instant j'ai l'impression que c'est moi qui inspire cet homme. Dans sa litanie, il me demande deux choses_ de lui faire une critique artistique concernant sa peinture ; et, de lui faire un dossier de presse concernant mes activités de comédien... Je ne comprends pas bien le sens de sa demande, mais le tout m'amuse. Pedro y met le ton et les gestes et j'assiste à mon petit spectacle particulier. Ce bonhomme boulo et tyrannisé par un cancer a joué dans une kyrielles de films argentins et n'a jamais obtenue de premier rôle, il a également écrit pour la presse et la TV. Mais moi dans tout ça, ce qui m'a le plus surpris, c'est qu'il m'ait fait la bise pour me dire au revoir, et me remercier d'avance... il me semble qu'en France nous manquons cruellement de cette chaleur humaine gratuite et j'en suis peiné parfois... En quittant Pedro, le ventre nous torturant toujours nous nous remettons à la recherche d'une restauration possible. Une des rabatteuses nous ayant harangué plus tôt nous interpellera dans la rue pour nous faire découvrir discrètement un restaurant bien moins cher que ceux de façade, ou vont manger les locaux... Alors pour quelques piécettes la Milanaise enfilée nous repartons le ventre fier vers le centre où je m'apercevrais que j'ai perdu les coordonnées de Pedro...


Une raison de plus pour retourner à La Boca n'est-ce pas ?

lundi 24 octobre 2005

Argentine 07

On reprend la prose imposée et on donne des news !

¿Que tal ?

Buenos Aires, est une ville... impressionnante, copiée, nocturne, à double facette, polluée, verte et grise. Les couloirs de Subte (métro) paraissent miniatures quand on les compare à ceux de notre capitale, et quand je parle de copier, n’y voyez pas de dépréciation de ma part, j’utilise juste le mot que tous les Porteños utilisent en parlant de leur ville.

“¿De dónde vienes tu? ¡Francia! Ahhh como te parece Buenos Aires... Muy lindo eh? Pero no como Paris... ¡Acá solo es una copia!”

L’obélisque tranchant l’avenue 9 de Julio rappelle vaguement quelque chose et cette même avenue glace le sang tant on a d’essayer de la traverser en une seule fois sans y parvenir. Come with your shooes for dancin tango, amiga! Le tango c’est l’âme même de Buenos Aires... et les endroits prolifèrent ou l’on peut voir un couple joue contre joue déambuler en rythme et en paso sur une musique à faire pâlir les crooners de la grande époque ! Alors évidemment un cours s’impose... que dis-je un ! Deux ! Trois ! Quinze... bref tant qu’il y aura de l’argent, il y aura le tango car son venin m’a pris et je ne me sens plus libre de mes mouvements. Dans ce magasin, se profile au fond un atelier où les chaussures sont faites mains, et à côté un parquet carré ou deux professeurs dansent, attendant l’élève probable. Alors on essaye tour à tour qqs chaussures avant de se lancer timides sous les ordres souples du couple dominant. Les bras en cercle, seul avec du vide on réapprend a marcher et je repense à ma première année d’Arts du Spectacle ou mon adorable professeur Stephan Ramirez (pub gratuite ;) lui aussi nous réapprenait à nous occuper de notre corps comme de l’espace. Alors je marche le torse donnant la puissance au corps et à l’idée, vers l’avant. C’est lui qui donnera les instructions à la danseuse, comme un émetteur récepteur le couple doit apprendre à se comprendre et à s’entendre, autant vous dire que c’est dur en ce qui nous concerne car les quiproquos entre Milena et moi sont présent dans 70% de nos conversation (un bonheur) alors qui sait le tango va peut être nous aider. Et puis c’est le tour d’apprendre nos premiers pas (paso), en avant, en arrière, sur les côtés, croisés... on perd plusieurs fois l’équilibre et éclatons de rire... bien que selon ma douce je sois drôlement sérieux... encore la faute dudit prof de théâtre ! Mais j’en voulais venir à parler de cette rue...

Avenida Corrientes.

D’abord, en sortant du Subte, j’ai cru rêver... et puis en marchant le long des quelques kilomètres de cette avenue, j’ai vu que c’était vrai. Imaginez le quartier latin fusionné avec Broadway... Voila la mince idée de ce que peut-être cette avenue. Tous les dix mètres se profile un théâtre, un café théâtre, une scène, bref tout ce qui peut donner lieu à un spectacle, danse, théâtre, chant, concert, orchestre, à une lecture, à une représentation de toutes les formes imaginables... et puis d’un autre côté, des librairies à profusions... du vieux, du neuf, du parallèle, de l’ésotérique, il y en a pour tous les goûts, pour toutes les bourses, pour toutes les idées et toutes les langues. Corrientes c’est un peu le genre de rue que je rêvais plus jeune et dessinais plus vieux...

Ensuite il y a Tigre, cette petite ville mangée par les Barrios de Buenos Aires, resplendit de verdure et de sa rivière du même nom. Le soleil y chauffe bien et nous permet de faire une balade des plus plaisante en ce dimanche de grisaille dans le centre.

Je vous embrasse, nous resterons ici tant que nous ne passerons pas 30 pasos sans tomber... autant dire qu’on y est pour un moment !

vendredi 21 octobre 2005

Argentine 06

Buenos Aires...

J'en rêve depuis tellement de temps que, je crois, je reculais l'échéance de peur d'être déçu, ou d'arriver trop tôt... Le choc est rude. Le vert cède au gris, l'herbe rase au bâtiment énorme, et les vaches aux hommes... nous sommes en ville... Bien sûr Bariloche, c'est une ville, et Puerto Montt aussi, et Ushuaia, et Río Gallegos... mais enfin, je parle d'une ville, ville !!!

Voyons, comment vous choquer ? Comment réussir à vous faire ressentir ce que j'ai ressenti... Essayons. Imaginez, une ville de 17 millions d'habitant, centre et banlieue incluses, dans un pays de 38 millions... un pays cinq fois grand comme la France. Une rue principale qui à 20 voies, 10 dans un sens 10 dans l'autre, et en tout 14 sur la chaussée principale. Ça crie, ça klaxonne, cha che parle comme cha, et moi qui n'ai plus l'habitude depuis le Venezuela, eh bien j'en perds mon Castellano... Le tango gouverne certaines rues (tant mieux), maradonna d'autres (tant pis), et l'univers entier respire l'envie de vivre effrainée. Ici on ne se couche pas monsieur, non, on sort à partir de 3h du
mat'... Qui dit mieux ? Même les Barcelonais ont jeté l'éponge s'écriant "eh que, no se puede bajar el volumen... no se puede dormir aquí...", les argentins ne comprenant pas ce langage pincé, ont laissé
le volume à fond et depuis les espagnols gueulent pour se faire entendre !

Les chaussures sont essayées, le pantalon est taillé, la robe bien droite, il ne nous reste plus qu'à essayer le tango, afin de se transformer (encore une fois) en éponges suantes (et odorantes), saccadant en rythmes les mouvements raides mais souples de cette danse romantico-érotique (pendant la danse ni plus ni moins).

Je vous invite aussi à découvrir qqs nouveaux clichés mis en ligne récemment sur le blog et le top 50 des "bonds" effectués pour votre plus grand plaisir (j'en suis presque sûr) en amérique du sud, par moi même et Doña Milena !

Nos vemos.

jeudi 20 octobre 2005

Argentine 05

... et encore... Argentine parce qu'on y a les pieds maintenant... mais ce mail devrait plus s'appeler Chili xx...
Bref... depuis Ushuaia (c'est une ville sur la terre de feu on vous a dit :p)...
Contracter deux billets pour traverser la patagonie chilienne à travers les canaux, c'est bien, pouvoir se rendre à l'embarquement c'est mieux. Je m'explique. Nous avons prévu de remonter de Puerto Natales (Chili) jusqu'à Puerto Montt, grâce au Navimag (http://www.navimag.cl/), malheureusement, plus de bus pour partir d'Ushuaïa et se rendre au départ (16h de voyage), seulement qqs solutions extrêmements onéreuses en avion qui ne nous garantissaient absolument pas d'arriver à bon port en passant par des destinations alambiquées... Bref l'angoisse !
On court les rues d'Ushuaia, espérant trouver la dernière compagnie mais rien... et là craquage... et je supplie la secrétaire de TechniAustrale de me trouver une solution... miracle, après un coup de fil, deux places se libèrent on est sauvé. Nous partons mercredi matin à 5h00, passons par Rio Grande, traversons la frontière chilienne, et arrivons au ferry devant amener le bus sur
le continent (la terrre de feu est une île)... Trop de vent, le ferry ne peut pas traverser le détroit de Magellan, nous devons attendre... et l'attente va durer puisque nous passerons 10 heures dans le café voisin et solitaire qui heureux du climat assassinera tous ces clients de prix obligatoires...
Et puis on débarque a Punta Arena à 3h du matin, où nous avions bien entendu loupé la correspondance de bus, et le froid cinglant nous obligeant à trouver abris pour la nuit, nous passerons la porte d'un hotel (encore ouvert à cette heure là impossible de trouver une petite
auberge). Et puis finalement le lendemain, nous y arrivons. On va voir des éléphants de mer, des baleines, et puis et puis et puis pleins de choses...
Nous voilà arrivés après 3 jours de cette croisière glaciale... je n'ai ni vu éléphant de mer, ni vu de baleine... ni rien de rien si ce n'est le vol langoureux de qqs oiseaux marins jouant de malices avec les vagues au raz des ailes... Les montagnes qui se découpent au loin sur un ciel presque fantastique de couleurs inconnues, des canaux à la splendeurs des temps anciens, et un glacier vu de très loin presque une chimère...
Les animaux sont finalement à ce point libre qu'ils ne se plient pas à l'emploi du temps de la compagnie et je me demande si au final je n'applaudis pas cela. Alors voilà... la pluie battait fort cematin qd à 8h nous sommes descendus du bateau et nous nous sommes dirigés vers le terminal de bus pour nous rediriger en Argentine... autour de qqs lacs (7) se tient San Carlos de Bariloche, et je n'en dirai pas plus car une fois de plus nous entrons dans la ville de nuit et résidons dans un hotel réservé aux amateurs de grimpe (avec son mur d'escalade) et de nature.
La construction est un chef d'oeuvre fait de bois et de dortoirs, d'une cuisine dont le bar offre qqs planches saillantes pour s'asseoir... Et puis là qqs français qui nous invite à manger avec eux
la salade fantastique qu'ils viennent de terminer de préparer... le tout accompagné de bière et de vin... bref un régale aussi bien pour les yeux que le coeur que le ventre !
Nous nous dirigerons à présent assez rapidement vers Buenos Aires où, au final, nous aimerions passer le plus de temps possible... Devant malheureusement délaisser certains coins qui j'en suis sûr feront l'objet d'une excuse à une prochaine excursions ;

samedi 15 octobre 2005

Argentine 04

Attention e-mail spécial...
L'idée ne vient pas de moi mais d'un ami de route rencontré alors que nous attentdions des heures durant que le vent se calme pour sortir dela terre de feu par ferry...
"Qu'est-ce que Ushuaia pour vous ? (Description possible, avec force de détails si vous y tenez)"

Voilà la question à laquelle j'aimerais beaucoup que vous me répondiez... Ce n'est pas un devoir obligatoire, plutôt une gentille interrogation publique... répondent ceux qui veulent (où qui ont le temps) et moi je prendrais un plaisir certain à vous lire... alors en attendant...

  1. Michel
    c l'émission de l'amoureux de la nature et non pas mois Niçois : Nicolas Hullot
    C ça ?
    ;))
    biz
  2. Gael
    heuuuuu?
    Une emission de Nicola Hulot et des gels douches? Si tu veux plus phylosophique je m y colle.
  3. Titi
    Coucou Emrys,
    Je t'en ai déjà parlé dans un précédent email :)
    Ushuaia, a d'abord été le nom d'une emission de Nicolas Hulot, depuis pour moi Ushuaia, c'est un nom qui me fait penser à l'aventure, aux voyages, à de superbes paysage. C'est aussi le bout du monde, surement un endroit un peu desertique, pas facile à vivre d'un point de vue climatique.
    Allez, repond moi, detruit mon rêve en me décrivant ce que tu vois ;)
    Grosses bises de France à vous 2.
  4. Cyril
    Hello Emrys !!!!
    Comment tu vas ?
    C'est avec plaisir que je vais répondre à ta question !
    Alors, pour moi Ushuaia évoque .... Pas grand-chose a part une émission télé ou y'a toujours de magnifiques paysages et endroits bien sympas. En faite Ushuaia fait penser à la nature, voyage sur toute la planète, mais dans des coins pas trop envahis par la civilisation.
    Ha ça me fait penser aussi à du gel douche ! Senteur exotique ! ;-)
    Allé a bientôt !
  5. Hugo
    Tu nous prends vraiment pour des buses !
    C'est une ville portuaire tout au sud le l'argentine. On y trouve un océan, des rivières et tout plein de jolis paysages pour faire des emissions de télé.
    allez, bonne bourre à tous les deux !
  6. Lionel
    Salut Steph,
    Tout dabord comment va tu?
    Tout ce passe bien pour toi?
    Alors, tu va rire mais pour moi Ushushmashinia non ushumaia non ushuaia pour moi c'est juste une emission de télé avant que tu m'en parle dans tes mails, je ne savait meme pas que ca existais vraiment!!!!!!
    Je pense a des prairies verdoyante tres tres tres nature avec le ciel qui se melange avec la terre vers l'horizon un pays de liberté.
    Voila je pense avoir tout dit.
    Bon voyage a vous deux, gros bisous.
  7. Frédo
    un gel douche!
    :)
  8. Sylvie
    D'apres toi mon Fanouchon qu est ce que Ushuaia pour un francais si ce n'est le bout du monde derniere ville avant le grand froid tout en bas ou alors le logo de Nicolas Hulot.
  9. Tzygann
    Tu t'en doutes, c'est pour moi, d'abord, le nom d'une émission télévisée mythique que j'attendais en trépignant d'impatience chaque samedi soir. C'est un peu commun de l'avouer, mais que veux-tu... Ma semaine d'écolier anxieux passait plus vite à l'idée de reprendre le récit des aventures de ce présentateur-homme à tout faire et extrêmement cultivé. Récit entrecoupé d'ailleurs de fameux reportages, annoncés par les célèbres séquences "danlefion"... Ce qui est étonnant, c'est que le titre de l'émission n'ait pas évoqué en moi plus tôt le lieu lui-même. J'avais huit, neuf, dix, onze ans. Ensuite, c'est une simple carte postale du lieu en question, griffonnée par la main d'un client de l'agence de ma mère quand elle était encore à Cagnes, aventurier et baroudeur, à qui j'avais serré la pogne rugueuse et mate avant son départ pour cette terre de feu. Il faudrait que je la retrouve, car la bafouille m'avait alors intrigué... Il m'écrivait quelque chose comme : "Tzygann, si tu ne viens pas ici dans les prochaines années de ta vie, tu ne viendras jamais." J'avais dix, onze, douze, treize ans.
    C'est enfin toi, cousin passionné, passionnel, frère de feu, messager du monde, roi lear avant leur. J'ai vingt sept ans.
    Pour conclure, j'imagine que c'est comme être au bord. De la raison, de la folie, du retour, de l'âge enfant, de l'amour,... C'est tenir en équilibre au bord de la falaise, avec dans son dos la plaine d'une vie rangée et terne, au bout de laquelle la mort se fait fossile, et avec dans son ventre la pente raide d'une vie vertigineuse, en glichade touchousse sans attache, le sourire au coeur, au bout de laquelle la mort se fait explosion de couleurs, feu d'artifice, final bouquet.
    Etait-ce ce que tu voulais lire? C'était ce que je voulais écrire.
    Morale: où chou il y a, enfant viendra... j'espère que tu as mis un préservatif, mécréant !
  10. Philippe
    en vitesse au boulot (j'en ai par dessus la tete...) je te repond pour ta question sur Ushuaia : avant de connaitre le lieu par un reportage de Nic.Hulot je pensais qu'il s'agissait d'un endroit paradisiaque dans les iles sous les tropiques... (pas du gel douche, quand meme, comme certains...) mais j'avoue quil y a 10 ou 15 ans je ne m'etais pas vraiment posé la question. Apres avoir decouvert a travers
    l'emission de Hulot, j'ai vu quil s'agissait d'un lieu extreme dans tous les sens du terme. Pas vraiment agreable a vivre. Balayé par les vents antartiques sous le passage du Cap Horn, au climat gelé. Je me demande ce qui attire les hommes labas et leurs activités??? Sais-tu que la Terre de Feu tient son nom aux hommes (naufrageurs) qui allumaient des brasiers la nuit pour attirer les navires sur les récifs et piller leurs cargaisons.
  11. Hamideh
    ushuaia ...? une terre dexil pour apatrides, un des derniers endroits sur terre surement ou lon respire, ou lon decouvre qui lon est, revenir vers lessence et lessentiel ... babylone et atlantide mystique reservee a ceux qui on compris qu il ne fallait pas chercher ...
  12. Keveen
    alors moi je vois la terre de feu comme une terre rouge, bordée par les
    neiges eternelle...un endroit ou les vagues viennent fracasser les cotes
    dechiqueteés...avce un petit phare juste au bout...et puis des pieeres que
    pleins de pelerins sont venus entasseés apres avoir parcouru leur
    itineraire...
    je me trompe bien et cest pourquoi je reve dun jour y aller
  13. So
    Alors pour moi Ushuaia c'était une super émission du vendredi soir avec des paysages époustouflants et un mec sympa, plutôt mignon, qui arrêtait pas de cracher dans son casque et qui se battait pour plein de belles choses qui en valaient sûrement la peine......
  14. Nanard
    T'ayant déjà répondu de manière sérieuse, voici ma contribution plus
    humoristique.

    Une Blonde : Ushuaia : c'est un soin de beauté !!
    Une autre blonde : Usha ... Quoi...
    Une dernière blonde : c'est une maladie ?

    Cyrano : c'est un cap, c'est une péninsule...

    Un géographe : c'est la ville la plus australe du monde.

    Un poète : c'est le bout du bout du monde, quand le regard plonge dans
    l'infini et se perd en imaginant l'éternité.

    Sarkozy : prenons les moyens pour poursuivre tous les délinquants jusqu'à
    Ushuaia et les pousser à la mer. Voilà ma vision d'Ushuaia et ma vision pour
    le FFFRRRRAAANNNCCCEEE. (NDLR : va te faire foutre)

    Sarkozy bis : colonisons Ushuaia et nommons là CORSE. Vous voyez ce que je
    veux dire. Vive la FFFRRRRAAANNNCCCEEE. (NDLR : re... )

    Je termine là (liste non exhaustive ..).
  15. Mumu, Jérôme, et les trois ptits monstres
    ushuïa est tout simplement un tout petit village qui se trouve à la pointe de l'argentine tout au sud,"la terre de feu" , à proximité du cap horn , il doit faire frisquet là bas
  16. Mum
    Le bout du monde... et un certain bonheur pour mon fils qui revait d'y etre un jour... mais sincèrement rien de plus car je ne sait pas grand chose de ce petit monde...
  17. Céline la cata'
    Voici une réponse dont je ne suis pas vraiment fière mais comme tu le demandes avec tant d'insistance et bien je m'en vois obligée et honteuse de te dire "je n'en sais fichtre rien" cela ne m'évoque malheureusement rien, si ce n'est un titre d'émission de télévision comme pour la grande majorité des gens Emission qui plus est que je n'ai jamais regardée
  18. Ben
    Je n'ai entendu parler d'Ushuaia que par la TV,
    tu sais, cette émission qui fut présentée par Nicolas Ullo. Nature sauvage, et rien à foutre ... well, j'imagine !
  19. Banou
    Oulah euh, grande question existentielle... Pour moi ushuaia, c'est une émission à la télé :D (ben euh oui, j'ai pas eu trop l'occasion de voyager par là bas)
  20. Marie qui dit 33
    l'emission de tv avec nicolas hulot !!!!!
    nan blague a part je verrai bien une tite ile trop belle paradisiaque !!
    enfin je savais mm pas avant ça que ushiaia ça existait alors ce n'est que mon imagination^^
  21. Cédric Cali
    ushuaia pour moi c'est pèle mèle, le trou du cul du monde, une des rares émissions télévisées intéressantes, et un sketch des inconnus! ;)
  22. Fred
    Je serai tenté de répondre émission de Nicolas hulot ;o)
    non je dirai pourquoi pas une montagne ou chaîne de montagnes ou bien encore un site mayas ou incas un site historique .
  23. Mel
    Une plante ou une fleur
  24. Stef, Barbara et Noa
    Un archipel d'îles ou une seule île
  25. Jenny
    Pour moi ushuaîa c'est la marque de mon déo et de mon gel douche à la vanille de polynésie! D'ailleurs derrière mon déo c'est marqué que ushuaia est en polynésie (mais j'avoue la dessus j'ai un doute) n'oublions pas que les déodorants Ushuîa aux ingrédients du monde entier et aux parfums actifs vous protégent efficacement contre les effets de la
    transpiration. Sinon Ushuaîa c'est aussi l'émission de Nicolas Hulot!
  26. Alyyyyyyyyyyysse
    paradise...
    that's the only word that occurs to my mind to describe ushuaia.
  27. Gérard
    On serait tenté de dire qu'Ushuaïa est un petit paradis. Ca évoque les émissions de Nicolas Hulot où on ne montre que les merveilles de la nature. Et bien je pense qu'il n'en est rien, car de par sa situation, si près ou presque de l'Antarctique il ne doit pas y faire bon vivre en permanence. Bref je dirai que c'est un peu le trou du cul du monde, non?


Voilà ce qu'est pour vous tous Ushuaia, et j'accepte sans complexe les railleries bien normales de certains (ca va chier au retour les cocos)...
À présent à moi de vous dire ce qu'est Ushuaia. Mais avant tout une petite vision "in live" de la ville peut s'apercevoir depuis le site webcam d'Ushuaia, à cette adresse :
Ushuaia, nous y sommes arrivés de nuit, vers les 21h, et les 16h de bus depuis Rio Gallegos nous avaient fatigués. De nuit et dans l'état où nous étions, on ne se fait pas d'opinion sur une ville... Nous avons prit le taxi jusqu'à l'Albergue los Cormoranes, rencontré Lucia qui nous a accueilli de la meilleure manière possible et dormi.
Qu'est-ce qu'Ushuaia...
Bien sûr que pour moi aussi c'est une émission "émotion", qui a remué mon enfance et qui était le rendez-vous de la famille. Ca symbolisait le défi, l'évasion, l'extrême...
Aujourd'hui qu'est-ce que Ushuaia ? C'est une destination à la fois accessible et inaccessible. Un billet pour Buenos Aires coûte combien ?... Dites vous qu'il suffit d'y rajouter 80 euros (aller simple) pour se rendre tout au sud du pays sur ce bout de terre de feu. Ce n'est donc pas si dur... ce qui est plus dur au contraire, c'est de se trouver face à cette étendue... face à ce cap horn qui se pointe à 150km planqué derrière les montagnes chiliennes de l'autre côté du canal Beagle, face aux derniers 1000km qui nous séparent de cet ultime continent qu'est le grand blanc et de devoir rester pieds ancrés sur le port car votre bourse ne permet de lapider 3000$ au premier prix du bateau qui s'en va... Alors je me dis, Ushuaia, c'est cher, c'est touristique, c'est rálisable pour certain, mais pour moi ca reste l'inaccessible... Oui j'y suis allé, oui j'en suis revenu, et non je n'ai pas passé le cap... je suis resté là, le vent m'arrachant qqs larmes de froid, les yeux pointés vers l'horizon, alors que mes dents, de rage, dévoraient le bifteck tendre et à volonté, d'un de ces restaurants délicieux, nommé "tenedor libre" pour qqs 19$AR...
Ushuaia, c'est la ville qui vous surprend par un matin coton blanc d'une neige légère qui volette autour de vous et laisse derrière des traces de pas éphémères vous rappelant votre condition d'homme. C'est ce cadre de montagne blanche, pointues comme les dents d'un loup et bordant cette ville portuaire. C'est aussi les rires de cette auberge au sol chauffé, à la bière gratuite, et à l'amitié donnée sans compter. C'est les gens qui se parlent d'un bout à l'autre du restaurant, et c'est cette avenida San Martín qu'on longe sans arrêt en découvrant en permanence des choses nouvelles.
Ushuaia, c'est aussi une destination où je reviendrai pour me rendre, un jour, sur cet Antartique mythique, où je n'ai pu me rendre... Un rêve à rallonge au final.
Et son phare... celui du bout du monde, planté au milieu du canal Beagle... on se demande qd on le voit si c'est de là que tout commence... où que tout fini... mais je me plais à croire que c'est un point comme un autre sur le trajet tortueux que nous faisons tous au fil de nos années.