vendredi 30 septembre 2005

Bolivie 04

Coucou à tous... pas mal de temps sans nouvelles, mais c'était pour la bonne cause !!!
Je vous écris un Chili 01 alors que tout le mail va traiter de la Bolivie... mais bon, j'ai les pieds à Santiago du Chili d'où l'appellation de l'email !

Depuis La Paz... on ne s'est pas posé... Direction Sucre (capitale constitutionnelle de la Bolivie... me demandez pas de vous expliquer la différence entre la capitale constitutionnelle et la capitale, j'ai rien compris). La ville est jolie, nommée ciudad blanca, elle me rappelle à moi Arequipa, en peut-être moins mouvementée. Rien ne s'élève au dessus de deux étages dans cette cité et la vie semble en suspens... Au milieu de ces rues nous tombons Milena et moi face au théâtre municipale et nous nous retrouvons à le visiter (clé en main) pour la modique somme d'un sourire ! Puis passage par le parc Bolivar où nous rencontrons Emer, petit cireur de pompes de douze ans.
_ "Emer, tu travailles à ton compte où c'est pour une entreprise que tu fais ce boulot ?", demande Emrys
_ "C'est une boîte qui nous embauche"
_ "Et tu dépenses tes sous comment ?", re-questionne Emrys, dans sa naïveté de pauvre trou de balle, pensant que le gamin va lui répondre "Pour acheter des bonbons!"

_ "Je m'achète des vêtements quand ceci deviennent trop usés." Répond le gamin laissant le grand dadais dépité... Emer est scolarisé de nuit entre 18h30 et 21h30 au collège Venezuela de Sucre, et adore étudier, seulement voilà, il faut vivre et pour vivre il faut travailler, alors cire cire cire... Non loin du banc où nous sommes assis à discuter avec le petit bonhomme, une tour Eiffel rouge, d'un dizaine de mètres (une antiquité) tient la place d'honneur au milieu de la place Bolivar... Un mince filet d'eau heurtant le sol brusquement, attire notre attention, un touriste a dû laisser tomber une bouteille d'eau minérale... mais non... c'est une petite qui fait pipi du haut de la structure. Nous nous regardons Milena et moi... mais personne ne semble relever la chose bien que tout le monde ait vu ce qui se passait... "normal". Seulement voilà, Sucre ça nous excite pas des masses... alors on speed un peu et on trace vers Potosí... la capitale déclaré impériale par Charles Quint quand les colons ont découvert le pot aux roses !!! Le Cerro Rico ! Une des (ou La) montagne qui a produit le plus d'argent (métal) au monde ! 150 tunnels 7000 mineurs, travaillent aujourd'hui à extraire, l'Argent, le Zinc et le Cuivre de la montagne qui s'est tarie avec le temps. Équipés des pieds à la tête, Milena et moi emprunterons les tunnels tantôt froids tantôt chauds pendants qqs heures à la recherche de mineurs (et de claustrophobie). Un mineur Bolivien c'est petit, bavard, et furieusement actif. Ça aime se bourrer la tronche à l'alcool à 96º (ça brûle la langue et réchauffe le bide, sans parler des destructions organique que ça a provoqué chez moi !), et mâchouiller les feuilles de coca qu'ils entassent en "bola" dans leur joue gauche et mastiquent des heures durant (à défaut d'autres choses). Alors forcément quand ils sourient, les lèvres sont noirs de jus et les dents vertes de feuilles, mais leur passion de trouver du "trésor" se transmet bien vite et je me retrouve à aider à creuser au fond d'un tunnel alors que mon guide me boude à cause du danger...
Les tunnels ne sont pas hauts ça veut dire courbettes, ça veut dire mal de dos ! Madre de Dios je suis ressorti en miette de ce petit tour dans les mines de Potosí. Mais le meilleur je le garde pour la fin ! La dynamite ! Qui n'a jamais rêvé d'en faire péter un bâton ? Personne ? Comment ça personne !!!
Ben moi ça me turlupinait ! Et voilà que l'occasion se présente d'elle même ! Traficote le TNT, rentre la mèche dans le détonateur, rajoute les petites billes roses qui mélangées au TNT vont faire bobo, allume le tout... et... Je me retrouve avec une charge de dynamite allumée, dans les mains, que je veux lancer, mais que le guide m'invite à garder car si je lance tout va se disloquer (fabrication maison)...
Bref si je ne peux pas le lancer, j'en fais QUOI ??? Je commence à me flipper dessus car le guide ne fait rien... mais me voyant paralysé il finira par prendre la charge et courir lui-même au loin... et moi qui hurle de le voir rester si longtemps avec le danger dans les mains !!! Mais tout se passera bien et l'explosion ne surviendra que quelques secondes après qu'il ait enterré le tout. Une bonne séquence émotion !

Et nous revoilà quittant Potosí (pour le moment on gère un bon timing de : une après midi, une nuit et une matinée par ville) direction Uyuni. On laisse derrière nous les routes asphaltées et c'est parti pour les pistes en nids de poules et gendarmes couchés. 6h de routes nous conduiront en plein désert et au final dans une ville qui semblerait être fantôme, j'ai nommé Uyuni. À Uyuni on s'ennuie, selon la population locale... la seule chose à faire ici c'est du tourisme, alors c'est ce qu'on va faire en prenant un tour de trois jours traversant les plus beaux paysages qu'il m'ait été donné de voir dans ma petite existence. Trois jours d'émerveillement et de flashouillages intempestifs... rejoignant Uyuni à San Pedro de Atacama au Chili, en passant par le Salar d'Uyuni, L'île d'Inkawasi, Salar de Chiguana, le Volcan Ollague, Les Lagunas del altiplano (vives les flamands roses, enfin je peux les prendre en photos !), el Árbol de Piedra, la Laguna Colorada, Les Geysers del Sol Mañana, les pierres de Dali, les sources d'eaux chaude de la Laguna Blanca, et la Laguna verde avant notre transfert vers le Chili...
Raconter ces trois jours serait vain, car je ne pense pas qu'un quelconque vocabulaire puisse décrire la beauté, la fraîcheur qui nous envahit fasse à d'aussi monumentaux prodiges de la nature, en échange je vous proposerais bien qqs photos... (d'ici demain), car pour ça, je crois ne jamais avoir autant utiliser mon appareil que durant ces trois jours... Je vous préviendrai donc dès que qqs clichés seront en lignes.

Nous voilà donc arrivés au Chili, à San Pedro de Atacama, où nous allons passer le contrôle de douane Chilien. "Descendez du bus s'il vous plaît, et assurez-vous de bien passer vos pieds dans la bassine avant de toucher le sol chilien !", hein ? Quoi ? Quelle bassine ?
Floc, floc ! Ils ont glissé un bac sous la porte du bus afin de nous voir patauger dans l'eau de javel (ce qui nettoiera bien mes souliers crottés de trois jours d'expédition), et de nous désinfecter de la misère Bolivienne !!! Pas croyable ! Je me retourne et m'aperçois que toutes les bagnoles sont flambantes neuves ! Les chiliens sont tous accrochés à leur cellulaire, et moi je crois tomber des nuages après un tel isolement ! Les formalités de douanes remplient, nous voilà au village, mais rapidement l'envie nous reprend et nous revoilà parti pour l'après midi, vers la vallée de la Lune...
Moi je pensais que la vallée de la lune c'était le site de Petra dans Indiana Jones 3 ! Que nenni ! Ça c'est en Jordanie ! Mais ce n’est pas grave ça me nourrissait qd même, seulement nous voilà parti, et pas n'importe où... non, non... juste en plein désert ! En une demie heure j'ai l'impression de faire un saut en arrière de 1 an et demi et de me retrouver dans le désert du Maghreb... qd je pense que le matin même je me baignais dans les eaux thermales à 35º par 4600m d'altitude, au milieu de la neige et que je suis là au milieu d'un désert nous fouettant le visage de son sable par une chaleur à crever ! Son amphithéâtre géologique, ces trois vigilantes de Marias, sa mine de sel et sa dune géante sont à tomber à la renverse et je me dis que je vais bientôt faire une overdose si je continue à me foutre autant de paysages au fond des pupilles... Alors voilà, on se calme et on prend le bus dans la même soirée direction Santiago du Chili... pour 22h de trajet reposant (sans parler du nez qui coule, de la gorge qui gratte et des oreilles bouchées depuis la redescente sous les 4000). Alors nous y voilà dans cette fameuse Santiago qui a vu grandir Neruda et qui ressemble tant à Paris ! C'en est déroutant, j'ai l'impression de tomber d'un nuage, de revenir vers une civilisation connue, vers des mœurs plus proches. Alors voilà on reste ici peu de temps. Demain ou après demain nous accompagnerons le bus pour passer la frontière argentine vers Mendoza avant de reprendre notre "ascension" du sud.

On est au Chili

Bonjour tout le monde...

Tout d'abord désolée pour être restée si longtemps sans donner de nouvelles mais nous ne pouvions vraiment pas.

Aux derniers écrits il me semble que nous étions encore en Bolivie et je vous disais que nous allions prochainement visiter les mines de Potosi.

Chose faite. Donc à Potosi travaillent encore 7000 mineurs, principalement jeunes (18 ans) mais quelques pères de famille s'y collent encore. Pour ceux qui ont lu Germinal de Zola, c'est un vrai retour en arrière. Difficile avant de le voir, de croire que des gens travaillent aussi dur. Un mineur travaille 8 heures par jour et son salaire dépend de la qualité de sa récolte. C'est à dire qu'au plus il ramène de l’argent (je parle évidemment du minéral) au mieux ils seront payés. Ils cherchent aussi plomb et zinc. Leur salaire peut donc varier de 600 à 1200 boliviens. Soit une moyenne de 100 euros par mois. Notre guide avait travaillé 3 ans dans ces mines, ce qui nous a valut une visite plutôt riche. A l'entrée de cette mine, un vieux mineur après le travail, la bouche noir de plomb et complètement saoul. Il faut savoir qu'un mineur boit durant son travail de l'alcool pur. Non pas à 90 mais 96 degrés. Impressionnant. A l'intérieur d'abord le froid, la boue, puis le noir. Il fallut alors nous courber !! Enfin pas trop moi car avec mes 1m60 juste de pencher la tète a suffit...pas toujours bien sur, mais pour Stéphan, 1m87, cette visite de 2 heures à l'intérieur fût éprouvante. Au sortir de là, le guide nous à fait voir ce qu'était une explosion de dynamite...de la vrai dynamite... là aussi, s'imaginer qu'ils font sauter ca sous terre... ca impressionne.

Côté histoire, les mines ont été découvertes par un sud américain puis conquises par les espagnols. Ces derniers ont pris pour esclaves des sud africains pour y travailler jours et nuits. Dur là aussi de s'imaginer que ces pauvres gens n’eussent pas pu voir le jour pendant des années. Cependant comme trop mouraient à cause du froid (et oui en Afrique ont est pas habitué...), ces derniers furent remplacés par des sud américains. Il n'y a cependant aujourd'hui plus de grèves car tous on un salaire de base et font parti d'une coopérative (plus de mules non plus sous terre, que des hommes pas de femmes). À noter juste et je finis, que les mineurs, s'ils veulent fournir un meilleur travail pour de meilleures fouilles, doivent acheter leur matériel eux mêmes ( dynamites, etc...), ce qui fait que Potosi est la seule ville où l'achat de dynamite est en vente libre...

Voilà pour cela. Le soir on est allé dans un pub avec le guide (couvre feu à 11h00 !! du jamais vu...) et le lendemain on a couru pour prendre le bus direction Uyuni , on est arrivé tard, on a vite pris nos places pour visiter le Salar le lendemain et on est reparti pour une visite du Salar sur 3 jours avec pour fin de circuit le passage à la frontière Chilienne.

Maintenant le Salar d'Uyuni... MAGNIFIQUE… C’est vraiment LE truc à voir une fois minimum dans sa vie. Le Salar c'est donc un désert de sel. Impossible d'y aller sans lunettes de soleil (soit dit en passant on à encore oublier nos lunettes dans une chambre d'hôtel avec notre guide d'Argentine où j'avais déjà tout coché!! bref...), la réverbération est immensément forte, il fait un vent glacial et un soleil à ressortir rouge écarlate... C'était fabuleux. 12500 km carré de sel... apparemment avant s'était un lac glacé salé, il ne reste que le sel. En plein milieu de ce désert on s'arrête pour manger, au milieu d'un champ de cactus, après on visite un ancien hôtel de sel, avec tables, chaises, lits en sel, et construction de maison aussi. Ensuite on va voir la fabrique de sel, là on comprend que les gens, 500 habitants je crois, travaillent pour rien, et tous dans la fabrique. 20 cts d'euros le kilo de sel je crois.

Bref ensuite on va dormir dans un endroit où la majorité des touristes se sont vraiment gelés les fesses...nous on n’a pas souffert du froid (enfin si Steph...pour une fois, l'unique d'ailleurs !! Pas moi!!!) mais surtout de ce lit une place pour nain !!, ensuite le lendemain on est allé voir ce qu'était un geyser... moi qui ne connaissait même pas le nom !! C’est donc un genre de crachat de vapeur d'eau qui pue l'œuf pourri... c'est plein de minéraux là aussi. Très volcanique tout ca. Après Steph s'est baigné dans les sources d'eau chaude...ca lui a bien plu d'ailleurs. Eau bouillante et quand il est ressorti, il devait faire entre 5 et 10 degrès dehors avec un vent de fou... Bref là il a le nez qui coule fort depuis !!!

Après...oufff ca en fait des choses tout ca !!

Après oui on a passé la frontière...et là attention, à la grande surprise de tous, il fallut nous désinfecter les pieds avant de montrer notre passeport !! un peu comme pour dire qu’on venait de Bolivie, le pauvre pays infesté !! Ma foi, en plus contrôle de sac savoir si on importait ou non des fruits et légumes...je me suis donc vu confisquer mes deux petits citron qui sentaient si bon .... Ma foi.

Et là nous voilà donc au Chili. Sincèrement on se croirait aux Etats Unis. A peine passé la frontière que la richesse de ce pays était flagrante. Gros 4x4, femmes bien habillées... rien à voir avec Pérou Bolivie. Mais alors rien du tout. Le premier village après la frontière, San Pedro de Acatama. De là on prend notre billet pour Santiago de Chile, 22 heures de bus. Il est à peu près midi et le bus part à 19h30. On mange donc un bout avec nos amis de Belgique (Clin d'œil à vous Florence, Laurence et Bénédicte) qui ont fait le Salar avec nous, puis on va visiter la vallée de la Lune, qui moi ne m'a pas transcendée mais Stéphan oui. Retour à 19h, on court dire au revoir, on monte dans le bus et voilà, nous sommes arrivés donc à Santiago ce soir et tout va vraiment bien pour nous....

Là on risque de ne rester que demain et partir direct pour Mendoza en Argentine.

Et dans le courant de la semaine prochaine on devrait être à Ushuaia....

Voilà voilou, vous comprenez maintenant mieux ce manque de nouvelles...je n'appellerai pas non plus car ici les prix sont fous...j'espère les trouver moindre en Argentine.

Enfin pour ceux qui s'y sont intéressé, rien dans le guide n'évoque ici la dictature de Pinochet. Rien sur les murs des rues, rien nulle part. Je n'ai pas arrêté de repenser à mes cours sur cette période de l'histoire d'Amérique latine... surtout quand on a passé la cordillère des Andes. Ca a du être éprouvant pour ceux qui ont voulu se réfugier en Bolivie, car la traversée de ce désert ce n'est pas rien... j'ai voulu en soutirer deux mots à notre guide en Bolivie mais pas grand chose à dire si ce n'est que les Boliviens les ont beaucoup aidé.

Difficile pour moi quand même de coller les cours de ma prof d'espagnol avec tout ce que je vois ...ou du moins que je ne vois pas. Ici c'est pro-américain alors que ce sont eux qui leur ont fourni toutes les armes... bizarre tout de même...

Sur ces bonnes paroles! On va aller se laver se coucher, et puis ma foi ne vous inquiétez pas pour nous, on est vraiment bien dans nos baskets....

Je vous embrasse tous bien fort. Ciao- Ciao. Mi.

mardi 20 septembre 2005

Bolivie 03

La Paz, ville grouillante où nous trouvons qu'il fait bon vivre... On y trouve de tout, on y mange bien, on y dort parfaitement... bref on aime.

La ville est entièrement étagée, alors chaque déplacement demande l'effort de monter (ou si l'on est chanceux, de descendre) ! Dans la Calle Comercio, les étales proposent aussi bien du dentifrice, que de la laque ou autres produits de beauté, que les derniers cd sortis, ou dvd (ça remplace le cinéma d'ici, exagérément cher vu le niveau de vie), que du matos hifi, ou encore des fringues en tout genre... on y trouve de tout, quasiment ! Et puis il y a Sagarnagate, rue des touristes, ou l'offre répond à la demande incessante, de nous et des autres, alors forcément on remplit des sacs entiers... pour au final se charger d'un nouveau sac à dos de 80 litres... de toutes les couleurs, de toutes les envies, moi je tourne de l'oeil en voyant toutes ces choses qui me font envie ! Ponchos, ponchos, il est beau mon poncho... et ben moi je te le prends ton poncho ! Il vaut combien ? 160 ??? Noooooooooon, je te le prends pour 50 ! 120 ? Non, 80 ! 100 ? Banco ! Tout se deal, et les sourires sont sincères ! Au final on se fait quand même pas mal avoir, mais ça reste largement acceptable !

Et puis ce matin, debout tôt. On quitte notre hôtel de junkies remplit de frenchies, on file en taxi vers Madness Biking, et direction la Cumbre à 4700m d'altitude (comment ça "encore" ?). Transformation, ssshpaffff jacket protectrice orange fluo, ssschting pantalon soit disant imperméable, scrrratch gants moto, pof le casque qui déchire le style ! Nous voilà transformés en VTTman et VTTwoman, autant dire que juste à nous regarder l'un l'autre on se tordait de rire. Mais, voilà on est haut, on se pèle, il ne fait pas beau, et nous attende 5h de descente... même pas peur... et puis de toute façon c'est presque un passage obligé quand on entre en Bolivie, un genre de test de haute routardise !
Alors voilà, on tourne deux trois minutes sur le parking, et puis "Vamos !" C'est parti ! Ça descend fort, ça descend froid, ça descend, quoi ! On file le long du bitume qui quadrille les 30 premiers kilomètres. Les roues vibrent au rythme des sculptures des pneus. Milena et moi, en côte à côte nous fichons l'un de l'autre en rigolant bien fort dans ce décor d'Écosse improbable ! Première escale, on grelotte, la pluie commence à se faire sentir, et Milena morte de rire et morte de peur, décide de stopper là, son vélo tremble de tous ces boulons, et puis le manque de pratique, l'envie de faire de superbe photos de son homme (MOI :D), et hop là au chaud dans le carrosse, écoutant un bon hip hop R'N'B pendant que moi je me gèle !

Bientôt la pluie ne sera plus une forte concentration d'humidité dans l'air, mais une vraie ondée, qui mettra à l'épreuve les fûtes waterproof dont l'agence nous avait venté les mérites ! Recalés ! Je suis trempé jusqu'à l'os ! Broooooooooouuuu que ce n’est pas drôle d'avoir les fesses mouillées collantes, sur la selle ! Du coup je me retrouve pour quelques heures en danseuse, chouette ! Et puis on grignote un peu, on a quelques kilomètres de montée... et puis nous y voilà !!!! La fameuse Death Road... la route la plus dangereuse du monde (parait-il). Le goudron laisse place à la terre et aux cailloux, et on file le long de cette descente vertigineuse, en tout 3345m de descente ! Ça le fait !
Les virages ne sont pas à prendre à la légère, et puis je trouve que mes freins sont super mou, mais bon personne ne se plains, alors je continue, jusqu'à ce que je trouve que vraiment ça commence à craindre, il faut que j'anticipe 300m pour arrêter la bicyclette !!! Je nous arrête et demande une petite vérif., car le moindre pépin et c'est le grand saut (et ce n’est pas rien de le dire). Bref, mes freins sont mous et ne fonctionne plus du tout, le guide me lance un regard éberlué et de peur me file son vélo perso ! Et nous revoilà parti (un des guides en moins) sur la piste. Les vibrations auront tôt fait d'assassiner mes pauvres poignets, et l'arrivée sera accueillit avec bonheur, au bout de 5h de Madness descente !

Nous nous retrouvons accueilli dans une jolie posada au bord de rivière, où vivent tranquillou un tas de petits animaux de la région : un Alpaca, des singes, perroquets, tortue de terre, paon et puis les traditionnels chiens, chats, poules, canards etc... Une bouffe à vous redonner la patate et notre séparation du groupe qui rejoint La Paz quand nous décidons de nous installer qqs jours à Coroico, village fort sympathique ou nous coulerons heureux les deux prochains jours.

lundi 19 septembre 2005

dimanche 18 septembre 2005

Bolivie 02

Milena 15.09.05 :
"On s'fait un 6000m ?" Plutôt deux fois qu'une me répond mon Homme avec de grands yeux étonnés !

La montagne j'adore ça, est-ce que je serai capable ? Je n’en sais rien, mais j'ai envie d'essayer. Avant qu'on ne change d'avis, nous voilà lâchant qqs deniers (pas mal en fait) pour 3 jours d'expédition dans la première agence qui nous fit bonne impression.
Aujourd'hui, voilà, nous avons fait quasi la moitié du chemin et dépassé le mont blanc : nous sommes a 5130m! Nos sacs de couchages sont excellent, nous n'avons quasi pas froid. Nous sommes en Bolivie ! C'est merveilleux tout de même ! Qui l'aurait cru ? Je nous revois encore avec Stéphan, polémiquer sur certains points ! Et là nous sommes plus soudés que jamais pour affronter cette épreuve.
C'est fantastique. Je suis EREZ.

Emrys, aujourd'hui :

En général, je commence toujours par un flash back à la suite de qqs mots d'introduction. Au diable l'intro et vive le flash back depuis tout de suite !

14.09.05, les Boliviens s'affairent autour de moi pour préparer le sol du refuge en dortoir de fortune. L'après-midi fut éprouvante, mais magique... Escalade sur glace sur le vieux glacier du mont Huayna Potosi. La paroi à pique aux reflets bleues effraye par sa masse imposante et a coup de piolets nous grimpons tour à tour le long de cette voie lisse et miroitante... Bien que refroidit jusqu'à la moelle, nous sommes heureux comme tout en revenant vers le refuge... à peine inquiet par la neige battante qui promet un avenir pas terrible...
Voilà, Milena et moi nous sommes lancé le défi du Pic Huayna Potosi culminant à 6088m d'altitude, dans la fabuleuse Cordillère Royale de Bolivie. Le temps est crade... froid... brouillard... neige... humidité... Demain direction le camp d'altitude et si le temps est clément, levés à 1h du mat' pour 7h d'ascension jusqu'au sommet _ ce sera dans deux jours et j'espère de tout mon cœur que nous pourrons réaliser ce gentil exploit.

15.09.05, Camp d'altitude 5130m et qqs degrés en moins. La tente résonne du petit bruit sec des flocons qui dégringolent du ciel en petite quantité. Dans l'ambiance jaune de la toile cirée, Milena et moi passons le temps en fixant le toit... attentif au moindre crissement de neige dehors... nos guides nous préparent en ce moment même un bon repas chaud qui nous tirera de 4h de rêveries consécutives avant de nous replonger dans un sommeil glacé. (Le veloute de champignon chaud, ça déchire). Les 3h de montée vers le camp d'altitude ont été rude et le sommeil ne vient pourtant pas... Debout à minuit, pour un départ à 1h... Le froid nous assène ses méchants coups... dehors un bon -15 nous empêche de fermer l'œil alors que la neige continue à tomber de plus belle... m'interdisant tout espoir quant au sommet... sommeil. Quand je rouvre un œil c'est pour m'apercevoir qu'il est 2h30 - 16.09.05 - du matin et que la neige ne tombe plus... La rage de faire ce foutu sommet me met debout et je cours dans la neige (en thermolactyl uniquement) pour réveiller nos guides tranquillement endormis. Branle bas de combat, nous sommes prêts à attaquer le flanc de montagne 15 minutes après. Milena ne se sent plus de continuer... la fatigue le froid et l’envie de dormir sont plus fortes. Alors me voilà encordée, gravissant les premiers mètres dans un souffle de chameau. La pente se perd dans le noir de ma lampe frontale, et je grimpe sans penser. Au loin deux autres alpinistes on prit les devants, ils paraissent deux petits points bleu perdus dans le néant.
Alors que je monte, pas par pas, difficilement, un millier d'autres chemins parcouru remonte dans ma mémoire. Le Tourneret, gravit avec mon père, mon oncle, mon cousin, U2 sous les étoiles ; le Bandai-san au Japon, les bothies d'Écosse avec Keveen et Lydia... tellement de routes, mais le froid est toujours pénétrant et chacun de mes pas s'enfonce dans la poudreuse toute neuve de cette nuit. Deux heures de marche passeront comme dans un rêve et mon seul point de repère sera ces deux marcheurs au devant de nous... qui doucement se rapproche, perdent de leur avance. Au moment ou je rejoins mon guide perdu dans le noir devant moi, pourtant distant de seulement 5m de corde, je le vois souriant et discutant avec le guide d'un jeune aventurier belge, Bart, nous voilà arrivé au camp Argentin, perché à 5500m d'altitude. Les guides veulent faire demi-tour, il a trop neigé ces 3 derniers jours, le reste du chemin est trop dangereux ! Bart et moi nous offusquons... Quoi ! Être monté jusqu'ici pour se voir refuser le sommet !!! Jamais de la vie, on continue... tant et si bien en rébellion que nous obtenons gain de cause et continuons notre route dans une neige de plus en plus épaisse... bientôt les professionnels commenceront à souffler aussi fort que nous et doucement le soleil se lève. Que dis-je doucement, c'est l'effet de ralentissement par le froid... le jour se lèvera en fait en moins de 10 minutes, brûlant l'horizon immaculé, et agrandissant notre vue abasourdit, découvrant que nous dansons depuis plusieurs heures entre crevasses et lignes de crêtes... Le tout est fantastiquement beau, j'en veux même pas mettre mes lunettes tant le tout me rends soumis, mais le soleil aura tôt fait de me rendre la raison, tant il brûle mon visage (qui s'en souvient encore). Chaque pas nous est de plus en plus dur et on se retrouve bientôt à grimper les doigts dans la neige, la pente tend vers 60 degré et nous sommes rapidement obliger d'utiliser les piolets pour avancer. Les crevasses me fascinent et donne une dimension fictionnesque à ce paysage qui n'avait déjà pas besoin de ça pour rentrer dans mes annales perso. Je reste figé quand nous devons en traverser quelques-unes via un petit pont de glace qui me semble branlant. Le guide en premier je plante mon piolet en neige et entoure la corde en cas de chute... mais rien du tout, les gars ont l'habitude et file le sourire aux lèvres de nous voir Bart et moi hésiter une seconde avant de nous engager au dessus de 200m de vide glacial. Et puis bientôt nous aurons dépassé les 5700m pour nous retrouver devant une barrière apique et glacée... c'est le chemin, mais nous nous arrêteront là... toutes mes supplications n'y vaudront rien, la neige recouvre la glace et rends impossible l'ascension aux piolets de tractions... trop dangereux diront-ils... les chutes de neiges récentes rendent l'accès au sommet impossible et nous voilà stoppé à 2h et 300m du but, tout au plus.
J'aurai voulu une autre fin, et ma frustration de ne pas pouvoir finir ce projet me coupe les jambes. La fatigue me rattrape d'un coup alors que je tombe tous les dix mètres du retour... 5h d'ascension, la neige aux genoux... mon moral est bas.
C'est quand je lève les yeux après ma énième chute, que je trouverai toute ma récompense. Le soleil caresse une mer de nuage en contre bas et au loin l'Illimani (plus haut sommet de Bolivie, 6480m) brille comme un diamant. À ce moment je me dis que je ne vais plus pouvoir bouger et que même si le tout disparaissait je continuerai à le voir. C'est le cas. Je ne suis plus là bas mais l'image est gravée au plus profond de mon cœur. C'est le genre d'image que l'on voit mille fois à la tv ou en photo... mais quand on se retrouve devant... pour de vrai... tout s'arrête et prend de nouvelles proportions... Alors voilà nous sommes rentrés de ce voyage blanc, mais je sens qu'un petit bout de moi est resté le cul dans la neige, la fatigue sur les épaules, à regarder ce coin de ciel qui m'a enchanté. Pour couronner le tout, alors qu'en pleine nuit encore, mon guide passait un pont de glace, illuminant la neige de sa lampe frontale halogène, donnant une vision de rêve à cet univers de noir, je m'apercevait que la batterie de mon appareil photo était resté dans mon sac de couchage pour ne pas trop se décharger à cause du froid... à ce moment là, je me suis maudit, et puis j'ai continué. Merci à Bart de m'avoir fait quelques photos quand même, je ne sais pas ce que ca donnera, mais c'est toujours ca de pris.
Pendant la redescente j'avais l'impression de découvrir le paysage qui m'avait entouré de nuit... cette pente crénelée de pointes enneigées, on aurait dis que la mer c'était penchée et qu'un millier de dauphins faisaient miroiter leur épines dorsales... ou sur un plan moins optimiste, un vrai cimetière d'altitude. La montagne n'a pas fini de m'impressionner.

mercredi 14 septembre 2005

Bolivie 01

Et voilà nous sommes à La Paz, capitale la plus elevee au monde, de 3200 à 4000 selon le quartier (vachement pentue aussi !!!). Quoi a dire pour le moment, si ce n'est qu'effectivement la vie est
sacrement moins cher ici... que la bouffe est bien meilleure (je critique pas le Perou mais bon c'etait pas vraiment ca au niveau comida), et qu'il nous semble y avoir bien de l'animation par ici... Bref ce pays nous motive vraiment bien et on se sent d'attaque pour le decouvrir en profondeur !
Je vous ecrirai plus longuement d'ici 3 ou 4 jours le temps de nous acclimater et de decouvrir un peu plus...
D'ici là... bon vent !

mardi 13 septembre 2005

lundi 12 septembre 2005

Pérou 05

Avec le bleu azur de notre tendre méditerranée, on a du mal croire que l'on se trouve face au plus grand lac d'altitude navigable... j'ai nommé Titicaca... Seul l'air glacial nous rappel que nous frôlons les 4000m offrant un ciel radieux à nous couper le souffle.
Le programme est de deux jours, à naviguer sur les eaux. Directions les îles flottantes des Uros (ex Uros, vu qu'ils sont tous passés, et que les Aymara ayant vu une belle opportunité touristique on repris leur flambeau sans trop de scrupule), puis l'île d'Amantani, ou nous serons accueilli et recueilli par une famille le temps d'une nuit, et le lendemain, via Taquile qui est la plus grande île du lac, avant de rentrer (crevés)...

Les îles flottantes, on les a tous vu en séquence émotion dans Ushuaia... eh ben ça flotte vraiment ! Et ça rebondit... a tel point que je sautais dans tous les sens, avec mon chapeau pointu venu d'Arequipa et me donnant une fois de plus le ridicule qui me colle si bien à la peau ! Faites d'une première couche de terre infiltrée de racines de roseaux, et ensuite des roseaux eux-mêmes disposés en quinconces sur 2m d'épaisseur, le tout ancré au 4 coins a 19m de fond... On nous déplace en barque de roseau, on s'amuse avec les enfants... ca pu le touristique, mais je m'en fous je m'amuse bien et Milena à l'air de s'y plaire... Bien sur les embarcations qu'ils utilisent pour eux sont des canots a moteur et je me dis au fond qu'on est bien con de se faire trimballer sur ces bateaux disneylandesque... est-ce que les Incas ou autre tribu auraient accepté d'utiliser un moyen de transport plus chiant parce que c'est plus jolie ? Non ! Faut être touriste pour voir les choses sous cet angle. Bref après les sautillements et qqs photos de cautionnage intempestifs (comment ca vous ne savez pas ce que c'est ? >>> http://subforum.free.fr , et hop j't'cale une pub), nous voilà reparti pour Amantani ou nous passerons la nuit dans le foyer de Sonya et son bébé Elvis !!! Les gens de l'île... Bien distinct des gens du continent, ils vivent en autarcie et sous forme communautaire. Les femmes s'habillent de plusieurs jupes multicolores fluorescentes faisant passer leur cul pour un baleinier... En haut une jolie chemise blanche brodée de couleur toutes aussi fluo, et au final une Chicho, sorte de châle noir opaque qu'elles se mettent sur la tête (mais ne se l'enrubanne pas) et laissent pendre derrière elles. Aux pieds c'est des sandales Goodyear, Michelin qui durent qui durent et qui ne coutent que deux soles ! Les hommes sont plus simples. Pantalon, chemise, poncho au besoin et puis sur la tête le chapeau... Milena et moi nous retrouvons dans cette chambre tout en terre, tapissé de vieux papiers journaux nous invitant à lire direct au mur ! La vieille horloge kitchissime n'affiche pas la bonne heure, mais qui s'en souci... nous ne savons d'ailleurs plus du tout la date d'aujourd'hui... mais son tic-tac continue nous rend lentement léthargique alors que le soleil dehors cogne fort à travers le vent froid.
Ici se cultive la patate, dont nous nous nourrirons d'ailleurs pendant tous les repas pris sur l'île (devrais-je dire toute l'Amérique du sud ?). Et l'île offrant un cône parfait ne connait pas de chemin plat... tout est en pente et les poumons en prennent un sacré coup. Les cultures sont terrassées et vu de haut je me remets à penser à ma belle Provence, ici pas de thym ou de romarin, mais de la muña et de la coca pour se faire (planer...) une bonne infusion. La nuit est dansante (touwiste touwiste à st twopey), et nous sommes morts au petit matin alors qu'il faut réembarquer pour une autre île : Taquile. Ici même genre de paysage, mais autre culture vestimentaire j'ose croire qu'il n'y a vraiment que ça de différent). Les hommes portent tous un bonnet définissant leur célibat ou non, le maire à le droit au chapeau pardessus son bonnet. Les femmes portent des robes comme ailleurs, mais ici, couleur éclatante pour les celib', couleur sombre pour les mariées (les fanées quoi...). Jolie jolie l'île, mais pareil faut crapahuter... parce que 540 marches à 4000, ben ça vous "nique" (pardon pour le vocabulaire) un poumon... sauf que nous on est malin... on a fait que les descendre... mouhaha vous vous dites, pour descendre d'une île faut bien la monter... ben non parce que la communauté a fait une jolie route pavée pour nous autre touristes (ceux qui les font manger à 80%) qui serpente tranquillement en pente douce.
Mais voilà tout ça c'est déjà du passé puisque nous revoilà dans la cité portuaire de Puno, d'où nous partirons demain pour la Bolivie.

jeudi 8 septembre 2005

Venezuela HS Flash Black

Une journée ordinaire à Mérida.

Il est des jours où rien n'est prévu, où rien n'est à attendre, car rien ne viendra. Ces jours rares ont un goût de miel et la vision change. Les yeux ne sont plus commandés et se laissent aller au gré des passants, au gré du soleil qui fait se lever ou se baisser le regard.

Après plusieurs heures sur internet à contempler le paradis qu'elle représente pour moi, je sors dans la rue. La "calle 24" m'est devenue familière et mes pieds dansent par cœur la partition de son trottoir irrégulier. Les odeurs sont devenus un patrimoine connu et n'agressent plus mes connaissances. Elles se sont intégrés et acceptent de jouer à présent avec mes anciennes compagnes. Je file droit vers cette agence que je connais à présent bien.

Gustavo, le patron, n'est pas là, mais je retrouve "el flaco", jeune garçon (de mon âge) poli, mais qui semble soudé à cette porte d'entrée et qui fait partie de cette gente qui semble transparente par un manque affirmé de caractère. Il y a également Ingrid, Stefano, et Manuel. Ingrid a un bébé de 7 mois et 2 jours, elle semble être l'antipode de la vénézuélienne "type". Sensible, légèrement ronde, elle n'affiche pas de stéréotype et ne me semble pas surfaite. Simple, jolie, sa compagnie est sincère et agréable. Son rire est une cascade fraîche et jamais ne vexe le condamné. Stefano lui est un rasta aux locks bien longues, mais propre sur lui, bien au contraire de la généralité ; c'est monsieur tatoo, c'est aussi lui qui me prouvera que l'art vivant vit encore au Venezuela et pourrait bien renaître de ses cendres. Manuel, le jeune guide des Llanos, me lance un "hello maldito", perché sur la balustrade de l'instable mezzanine. Quelques mots sont échangés, je m'assois en leur compagnie, après les avoir salués, on se cogne les poings, une bise pour la miss. Ils ont déjà tous mangé, j'irai seul déguster ma sopa, carne a la plancha et jugo de melón.

Ensuite la recherche du théâtre Tulio Febres Cordero pour la pièce de ce soir et je m'attarde dans une librairie. J'ai fini mes livres et il va bien falloir se mettre à l'espagnol. Au bout d'un temps infini à éplucher la littérature vénézuelienne qui ne semble savoir écrire que de son libertador, je tombe par hasard sur un livre d'Escobar. Mon intérêt pimenté par un nom que je connais, j'attrape ce livre que je crois être écrit par le bien connu baron du crime. Je découvre avec une légère amertume que cet Escobar là n'est pas celui que j'escomptais mais un jeune poète vénézuélien de 26 ans, étudiant a Mérida. En lisant le prologue mon intérêt se retrouve aiguisé et j'achète le livre. "PREGARIE" où l'état d'attente dans laquelle on se trouve qd on déclare sa flamme à l'être aimé et que l'on attend, sans réponse, le sort qui sera le nôtre. Je veux entamer ce recueil de poème sans plus attendre et je me dirige naturellement vers la plaza Bolivar, à l'ombre de ses grands arbres, quand soudain une mélodie me fait perdre mon ordre de priorité pour se placer en tête du box office. Je me file afin de me trouver en face du joueur de flûte de pan, une place à l'ombre, assis. La mélodie, si proche, me semble bien plus agressive que la lointaine rumeur qui m'avait amenée là. Alors que mes yeux cherchent une sortie de secours, je tombe pile sur le clochard en face. Une flasque en verre d'alcool blanc dans la main gauche, la main droite sur le cœur, le menton vers le ciel, celui-ci remercie Dieu de sa bienveillance discrète dans une prière murmurée. L'église en face reste muette, et moi soudain j'ai pitié. Combien de nuit dans la rue, combien d'années de solitude pour en arriver là ? Ces cheveux gris et bouclés sont perdus dans la barbe massive et aussi sale qu'un balai après le travail. Mais ce qui m'intrigue le plus se sont ses mains. Aussi rouge que son visage de poivrot, ses doigts semblent gonflés de l'alcool qui aide le pauvre à ne pas se dessécher. Les plissures de ses phalanges sont un mélange de noir de sale et de rouge sang, alors qu'à leurs bouts s'élancent fières et gris, des ongles acérés. C'est bientôt la peur qui cède à la pitié... Le bibendum que l'on aurait pu tordre afin de récupérer quelques tonneaux de rhum se transforme sous mes yeux de pauvre diable à diable tout court...
C'est à ce moment précis qu'une jeune fille charmante, avalant qqs pop corn qu'elle sort d'un petit sac en papier, s'approche sans crainte et s'assoit près de la Bête. J'ai l'impression soudain d'assister à la représentation théâtrale du "Loup et l'agneau" ou encore du "Petit chaperon rouge"... Mes yeux analysent et défigure la scène. Elle porte un T-Shirt rouge aux manches courtes, transporte une mandoline sous le bras, et a des boutons sur le visage. Alors que mes yeux font l'inventaire, je perçois soudain avec horreur que ses deux longues jambes élancées sont aussi poilues que les miennes. Mon dégoût remonte jusque dans ma gorge, quand le doute d'avoir affaire à une femme m'assaille ! Ma mémoire rembobine rapidement jusqu'à la poitrine à peine visible sous le t-shirt. C'est à ce moment là que mon esprit autorise inconsciemment la bête à dévorer la fausse belle. Répondant à mon appel secret, celui-ci lève le doigt et approche doucement son ongle vers le coude de la demoiselle, qui la tête tournée, écoute la musique (devenue insupportable). Du coude vers le dessous de la manche, la parabole ongulaire est dessinée et fini par entrer en contact avec la chair ! Electrique ! Elle se lève et s'en va dans un regard éberlué. La bête, elle, rit, et dans sa gorge, un millier de galets roulent sous cette déferlante. À ce moment précis, je préfère cette éructation à toutes les flûtes de pan du monde.

mardi 6 septembre 2005

Pérou 04

Ahahahah ! Me revoilà et ce coup-ci... seulement pour ceux que ça intéresse !!! Bien bien bien... je viens de me rendre compte que ça fait un petit moment que je ne vous ai point relaté les événements ici bas (très bas même puisque l'eau des toilettes tourne dans le sens INVERSE des aiguilles d'une montre pour filer de la cuvette... grand moment d'émotion !).
Bref... Reprenons depuis l'arrivée de Milena !
zzzzzZZZZzzzZZzzZzzzZzz (K7 qui se rembobine)
Tac !
>
Ça fait bientôt une heure que je l'attends dans cet aéroport froid et refait à neuf. Je lui ai trouvé une carte téléphonique pour rassurer ces parents dès qu'elle arriverait, et maintenant, le jukebox sur les oreilles, j'attends en fixant le tableau. L'avion est noté atterrit depuis un moment déjà mais personne ne sort, je décide quand même de prendre les devants et de me mettre en place pour que tout soit parfait... Je me mets face à la sortie, debout, de manière à ce qu'on ne puisse se voir qu'au dernier moment... Je cale le walkman sur Armstrong, What a wonderful life, et attends... attends... attends... plus d'une heure en fait. Je passe les détails (mouhahaha) et la voilà qui apparait, wahou !, superbe, souriante, elle ne me parle pas et se laisse poser les écouteurs facilement, pour 2.20 d'écoute et de retrouvailles silencieuses après 67 jours de séparation. Ensuite c'est le taxi, l'hôtel España et le resto d'à côté, la bière Cristal et les rires vrais ! Lima c'est sympa, mais c'est pollué, et pour ceux qui comme nous ne sont pas habitués à la vie de capitale, après trois petits tours, eh ben on s'en va ! Et nous voilà direction Chosica (où on se fait piquer le sac à dos) et San Pedro de Casta. San Pedro de Casta c'est le village mitoyen du site de Marcahuasi... et Marcahuasi c'est un plateau à 4100m d'altitude qui offre aux assoiffés de grands espaces le lieu idéal pour une demi journée de contemplation... Là, on admire les mystérieuses (non, pas cités d'or) formations rocheuses, rappelant un profil humain (ya même Balladur), un lama (faut le chercher), une tortue (kifkif) et puis un tas d'autres... pour ceux que ça intéresse vraiment : http://www.geocities.com/grupo_wayra/marcahuasi (en espagnol)

Et puis direction Tarma où nous resterons presque une semaine, parce que la ville est chouette, parce que l'hôtel est génial et ne nous reviens pas cher et que la gérante est adorable... de là un petit tour du côté de Chanchamayo, et le sourcil de l'Amazonie... des ponts à la Indiana Jones, des Natifs qui se rhabillent à l'ancienne tradition pour nous flatter nos égaux de touristes... et puis nous qui leur faisons perdre leur Latin parce qu'on danse avec un peu trop d'entrain !
Je ne me suis pas étalé sur le voyage entre Chosica et Tarma : dans la cale du bus... voui voui... Moi j'ai trouvé ça rigolo, jusqu'au moment où j'ai vu la tronche de Milena, qui elle, ne rigolait pas vraiment... poussière, saleté, certes ! Mais quel aventure... avoir envie de pisser pdt environ 3h, enfermé dans la soute d'un bus qui fonce dans les virages à 4000m d'altitude... quoi, y a que moi qui aime ça ? Cerro de Pasco, la ville la plus haute du monde 4333m pour 62.000 habitants, la Lagune de Junín et sa faune impressionnante, et enfin Tingo María !
Tingo María c'est encore la Haute Amazonie, la frontière avant la jungle pure et dure de Pucallpa... mais les insectes, et surtout le paludisme nous freine dans notre élan... on verra ça pour plus tard, pour le moment on va gentiment rentrer vers Lima et refaire le passeport volé de Milena ! Alors nous y revoilà dans cette ville si pollué, mais qui me plait qd même un peu, nous logeons chez une femme nommée María (originale) qui nous a déjà gonflé à être sur notre dos depuis le premier soir !

Théâtre : La Corporación !!!

Je vois un reportage sur une pièce de théâtre qui se joue en ville et qui à l'air pas terrib' terrib', mais bon n'ayant pas pour habitude de me fier aux média concernant les arts vivants, nous nous jetons donc sur l'occaz de voir une pièce 100% péruvienne... Verdict ? Eh ben ça déchirait ! Plus qu'une pièce c'est en fait une comédie musicale. 100% péruvien ? Pas vraiment puisque dans les airs chantés rapidement je reconnais La Quête de Brel, Over the Rainbow d'Armstrong, etc etc... mais le résultat était surprenant et le tout sur la toile de fond d'une vie d'entreprise grattant le capitalisme jusqu'à la moelle.
Alors forcément après un tel moment de bonheur artistique, on se paye le grand luxe... direction MC DO !!! Ben ouais, marre des patates et du maïs, alors on se paye ce putain de McDo de merdeeuuuuh ! Ben, faut le dire et je n’ai pas honte, un Big Mac après 3 mois de bouffe sud américaine, ça fait du bien ! Ça coute 3x plus cher qu'un repas normal, mais c'était quasi vital là !
Bon OK, j'avoue, depuis qu'on est arrivé à Lima on se joue la grande vie (c'est la faute à Milena ;D)... Taxi, cinéma, et surtout !!! FROMAAAAAGE !!! On se paye THE repas à l'alliance française, plateau de fromage, pinard, et tout le toutim ! Maintenant décodeur, le fromage on aurait dis un plat de carpaccio de saumon (on voyait l'assiette au travers des tranches cristallines), le vin, c'était un bon petit vinaigre, mais la viande... Aaaaaaah la viande, là elle déchirait vraiment. Vraiment, vraiment bonne, mis à part qu'elle a foutu la chiasse a Milena aujourd'hui...

Ce soir nous partons vers Arequipa, au sud, pour ensuite monter vers Puno et Titicaca... et enfin... la Bolivie.................... La suite ? J'en sais rien... elle non plus (je vous avais dis que c'était une chieuse ?)... et c'est très bien comme ça.
Bises à tous...

Emrys

PS : On me demande plus de poésie dans mes mails, alors en voici un brin (au cas où la chiasse n'aurait pas suffit) :

Internet, percing, tatoo, snif, cocaïne ?
Rythme les passants de la rue piétonne
Où les hommes dopés aux amphétamines
Passent sans même regarder, pauvre conne,
La petite métisse râpée, qui à quatre pattes,
Avance dans ce zoo grotesque,
La jambe de travers, dans l'œil une agate,
Vue de côté, drôle de fresque.
Lima, plata, euro, dollaré, oro, oro, oro !
Qui s'occupe donc de fixer les détails,
Quand chacun de son côté, gratte pour sa peau ?
Dans la rue au final, qui sont les épouvantails ?

(pardon :D)