jeudi 1 décembre 2005

Pérou 08

J'entends encore résonner à mes oreilles ces mots de Victor Hugo monopolisant la "flânerie" pour la seule ville de Paris... mais Victor Hugo ne connaissait pas Cusco et c'était là tout son tord !

Je ne sais si Cusco veut dire flânerie en Quechua ou en Aymara mais en Emryssien cela va sans dire !

Cette ville est faite selon le principe de la beauté. Chacune de ses rues respirent une ambiance, une envie, une couleur et ses rues de pavés miroitants attirent la godasse à l'arpenter. La Plaza de Armas distille un parfum mélangé d'innombrables fleurs dont, malheureusement, je ne connais pas les noms ; et tout autour, des arcades en pierre protège le badaud des chutes de pluie toujours rapides et fraîches comme un matin de printemps. Cusco c'est une ville multinationale... la plus visitée d'Amérique du Sud. Des péruviens ? Oui, quand même ! Mais aussi des israéliens, des croates, des italiens, des canadiens, des états-uniens, des français, des espagnols, des japonais et j'en passe... Les langues se mélangent et donnent un espéranto nouvelle mode. L'arpenteur est gentiment sollicité, les restaurants jouent au concours de celui qui sera le moins cher, et les boîtes deviennent cinéma de début d'après midi pour faire salle pleine.

Ici on est l'amigo de tout le monde pour peu qu'on soit souriant, mais si en plus on baragouine quelques mots de castillan, alors on passe de suite au stade "hermano". Les cireurs de pompes cirent toujours, au nom du bénévolat rémunéré. Mais c'est la nuit que Cusco prend son masque de satin et vous attire dans les locaux sombres où la musique assourdit et fait bouger inconsciemment le corps qui vous accompagne. Les boîtes de nuit, les bars se disputent le client et l'on devient le bienvenu partout... entrée gratuite oblige... et l'on est bien loin de l'ambiance franco-française de la nuit. La bière à 5 soles coule à flot et l'happy hour s'étend au-delà de la nuit ! Ceux qui voudront pourront même s'essayer aux hallucinations du San Pedro (cactus hallucinogène), avec ou sans chamane, voir même aux rails blancs qui vous emmènent au bout de la nuit. Le fruit défendu du Pérou ne se défend pas tant que ça et heureux de se laisser attraper, il emmène loin le curieux.

Je vivais donc chez Oliver, l'homme de la forêt, celui qui tant nous a fait souffrir dans l'Amazonie profonde et qui tant aura été généreux de retour sur Cusco. Lui et sa femme Carolina mène une vie simple et seine. L'homme est dégingandé et facile à saouler... une fois fait il gesticule en pleine ville en courant après les touristes américains histoire de leur refiler une carte professionnelle... les effrayant plus qu'autre chose... Il attrape au vol les bottes de carottes qui passent et croque crue les fruits et légumes d'où qu'ils viennent. C'est le Tom Sawyer des temps modernes. L'écolier des buissons. Entre les jeux d'échec que je perds allègrement (tonton j'ai besoin d'entraînement), les heures étendues au soleil à lire mes Misérables, les discussions amicales avec les êtres vivants aux abords des places, les bières bues goulûment au fond d'un trou ou au grand soleil... le temps cusquenien passe et il sera bientôt 20 jours (déjà) que je suis basé dans cette ville charmante...
Il est temps donc de mettre les voiles pour aller voir ailleurs ce qui s'y passe...

Si je m'écoutais ? Je crois que je resterai ici un mois ou deux de plus ? Pourquoi ?

Flâner.

Aucun commentaire: