Bolivie 04
Coucou à tous... pas mal de temps sans nouvelles, mais c'était pour la bonne cause !!!
Je vous écris un Chili 01 alors que tout le mail va traiter de la Bolivie... mais bon, j'ai les pieds à Santiago du Chili d'où l'appellation de l'email !
Depuis La Paz... on ne s'est pas posé... Direction Sucre (capitale constitutionnelle de la Bolivie... me demandez pas de vous expliquer la différence entre la capitale constitutionnelle et la capitale, j'ai rien compris). La ville est jolie, nommée ciudad blanca, elle me rappelle à moi Arequipa, en peut-être moins mouvementée. Rien ne s'élève au dessus de deux étages dans cette cité et la vie semble en suspens... Au milieu de ces rues nous tombons Milena et moi face au théâtre municipale et nous nous retrouvons à le visiter (clé en main) pour la modique somme d'un sourire ! Puis passage par le parc Bolivar où nous rencontrons Emer, petit cireur de pompes de douze ans.
_ "Emer, tu travailles à ton compte où c'est pour une entreprise que tu fais ce boulot ?", demande Emrys
_ "C'est une boîte qui nous embauche"
_ "Et tu dépenses tes sous comment ?", re-questionne Emrys, dans sa naïveté de pauvre trou de balle, pensant que le gamin va lui répondre "Pour acheter des bonbons!"
_ "Je m'achète des vêtements quand ceci deviennent trop usés." Répond le gamin laissant le grand dadais dépité... Emer est scolarisé de nuit entre 18h30 et 21h30 au collège Venezuela de Sucre, et adore étudier, seulement voilà, il faut vivre et pour vivre il faut travailler, alors cire cire cire... Non loin du banc où nous sommes assis à discuter avec le petit bonhomme, une tour Eiffel rouge, d'un dizaine de mètres (une antiquité) tient la place d'honneur au milieu de la place Bolivar... Un mince filet d'eau heurtant le sol brusquement, attire notre attention, un touriste a dû laisser tomber une bouteille d'eau minérale... mais non... c'est une petite qui fait pipi du haut de la structure. Nous nous regardons Milena et moi... mais personne ne semble relever la chose bien que tout le monde ait vu ce qui se passait... "normal". Seulement voilà, Sucre ça nous excite pas des masses... alors on speed un peu et on trace vers Potosí... la capitale déclaré impériale par Charles Quint quand les colons ont découvert le pot aux roses !!! Le Cerro Rico ! Une des (ou La) montagne qui a produit le plus d'argent (métal) au monde ! 150 tunnels 7000 mineurs, travaillent aujourd'hui à extraire, l'Argent, le Zinc et le Cuivre de la montagne qui s'est tarie avec le temps. Équipés des pieds à la tête, Milena et moi emprunterons les tunnels tantôt froids tantôt chauds pendants qqs heures à la recherche de mineurs (et de claustrophobie). Un mineur Bolivien c'est petit, bavard, et furieusement actif. Ça aime se bourrer la tronche à l'alcool à 96º (ça brûle la langue et réchauffe le bide, sans parler des destructions organique que ça a provoqué chez moi !), et mâchouiller les feuilles de coca qu'ils entassent en "bola" dans leur joue gauche et mastiquent des heures durant (à défaut d'autres choses). Alors forcément quand ils sourient, les lèvres sont noirs de jus et les dents vertes de feuilles, mais leur passion de trouver du "trésor" se transmet bien vite et je me retrouve à aider à creuser au fond d'un tunnel alors que mon guide me boude à cause du danger...
Les tunnels ne sont pas hauts ça veut dire courbettes, ça veut dire mal de dos ! Madre de Dios je suis ressorti en miette de ce petit tour dans les mines de Potosí. Mais le meilleur je le garde pour la fin ! La dynamite ! Qui n'a jamais rêvé d'en faire péter un bâton ? Personne ? Comment ça personne !!!
Ben moi ça me turlupinait ! Et voilà que l'occasion se présente d'elle même ! Traficote le TNT, rentre la mèche dans le détonateur, rajoute les petites billes roses qui mélangées au TNT vont faire bobo, allume le tout... et... Je me retrouve avec une charge de dynamite allumée, dans les mains, que je veux lancer, mais que le guide m'invite à garder car si je lance tout va se disloquer (fabrication maison)...
Bref si je ne peux pas le lancer, j'en fais QUOI ??? Je commence à me flipper dessus car le guide ne fait rien... mais me voyant paralysé il finira par prendre la charge et courir lui-même au loin... et moi qui hurle de le voir rester si longtemps avec le danger dans les mains !!! Mais tout se passera bien et l'explosion ne surviendra que quelques secondes après qu'il ait enterré le tout. Une bonne séquence émotion !
Et nous revoilà quittant Potosí (pour le moment on gère un bon timing de : une après midi, une nuit et une matinée par ville) direction Uyuni. On laisse derrière nous les routes asphaltées et c'est parti pour les pistes en nids de poules et gendarmes couchés. 6h de routes nous conduiront en plein désert et au final dans une ville qui semblerait être fantôme, j'ai nommé Uyuni. À Uyuni on s'ennuie, selon la population locale... la seule chose à faire ici c'est du tourisme, alors c'est ce qu'on va faire en prenant un tour de trois jours traversant les plus beaux paysages qu'il m'ait été donné de voir dans ma petite existence. Trois jours d'émerveillement et de flashouillages intempestifs... rejoignant Uyuni à San Pedro de Atacama au Chili, en passant par le Salar d'Uyuni, L'île d'Inkawasi, Salar de Chiguana, le Volcan Ollague, Les Lagunas del altiplano (vives les flamands roses, enfin je peux les prendre en photos !), el Árbol de Piedra, la Laguna Colorada, Les Geysers del Sol Mañana, les pierres de Dali, les sources d'eaux chaude de la Laguna Blanca, et la Laguna verde avant notre transfert vers le Chili...
Raconter ces trois jours serait vain, car je ne pense pas qu'un quelconque vocabulaire puisse décrire la beauté, la fraîcheur qui nous envahit fasse à d'aussi monumentaux prodiges de la nature, en échange je vous proposerais bien qqs photos... (d'ici demain), car pour ça, je crois ne jamais avoir autant utiliser mon appareil que durant ces trois jours... Je vous préviendrai donc dès que qqs clichés seront en lignes.
Nous voilà donc arrivés au Chili, à San Pedro de Atacama, où nous allons passer le contrôle de douane Chilien. "Descendez du bus s'il vous plaît, et assurez-vous de bien passer vos pieds dans la bassine avant de toucher le sol chilien !", hein ? Quoi ? Quelle bassine ?
Floc, floc ! Ils ont glissé un bac sous la porte du bus afin de nous voir patauger dans l'eau de javel (ce qui nettoiera bien mes souliers crottés de trois jours d'expédition), et de nous désinfecter de la misère Bolivienne !!! Pas croyable ! Je me retourne et m'aperçois que toutes les bagnoles sont flambantes neuves ! Les chiliens sont tous accrochés à leur cellulaire, et moi je crois tomber des nuages après un tel isolement ! Les formalités de douanes remplient, nous voilà au village, mais rapidement l'envie nous reprend et nous revoilà parti pour l'après midi, vers la vallée de la Lune...
Moi je pensais que la vallée de la lune c'était le site de Petra dans Indiana Jones 3 ! Que nenni ! Ça c'est en Jordanie ! Mais ce n’est pas grave ça me nourrissait qd même, seulement nous voilà parti, et pas n'importe où... non, non... juste en plein désert ! En une demie heure j'ai l'impression de faire un saut en arrière de 1 an et demi et de me retrouver dans le désert du Maghreb... qd je pense que le matin même je me baignais dans les eaux thermales à 35º par 4600m d'altitude, au milieu de la neige et que je suis là au milieu d'un désert nous fouettant le visage de son sable par une chaleur à crever ! Son amphithéâtre géologique, ces trois vigilantes de Marias, sa mine de sel et sa dune géante sont à tomber à la renverse et je me dis que je vais bientôt faire une overdose si je continue à me foutre autant de paysages au fond des pupilles... Alors voilà, on se calme et on prend le bus dans la même soirée direction Santiago du Chili... pour 22h de trajet reposant (sans parler du nez qui coule, de la gorge qui gratte et des oreilles bouchées depuis la redescente sous les 4000). Alors nous y voilà dans cette fameuse Santiago qui a vu grandir Neruda et qui ressemble tant à Paris ! C'en est déroutant, j'ai l'impression de tomber d'un nuage, de revenir vers une civilisation connue, vers des mœurs plus proches. Alors voilà on reste ici peu de temps. Demain ou après demain nous accompagnerons le bus pour passer la frontière argentine vers Mendoza avant de reprendre notre "ascension" du sud.