France 14
Je me souviens, petit, d'être aller voir mon père régater pour le compte de sa société à Monaco. Il est monté sur ce bateau, lui dessinateur... et je n'ai pas compris... mais j'ai passé la journée sur la digue à regarder les bateaux courir les uns après les autres !
Je me souviens aussi avoir eu une pointe de jalousie lorsque que l'une de mes colloc' à Barcelone m'avait annoncé qu'elle travaillait sur les voiliers.
Mais ça ne m'avait jamais atteint, qu'un jour, je pourrais peut-être aussi.
Mon capitaine a débarqué fin août et depuis je gère le bateau tout seul. Lorsque des sorties sont prévues, je cherche un capitaine à la journée. Parmi ceux qui sont venus m'aider, un m'a proposé de venir faire les Régates Royales du Trophée Panerai à Cannes avec lui... Nous parlons de bateau et je lui ai parlé de mon penchant pour les voiliers classiques, bien que travaillant sur un moteur Yacht. Il n'est pas moins que le tacticien du Moonbeam IV (Cotre aurique construit par William Fife 3ème du nom en 1914). Et hop, me voilà propulsé dans le rôle d'équipage pour une semaine de régates !
(moonbeam III)
Le bateau ne peut inspirer que de l'amour. Je suis encore vierge pour lui et lui pour moi. J'ai tout à y apprendre. Mes oreilles sont grandes ouvertes et je ne perds pas un mot du capitaine ou du second. Le bateau a été gardé dans son état d'origine... c'est à dire qu'il ne possède pas de winch et que tout se fait à la main en tirant sur les bouts et en jouant avec des palans pour rendre possible certaines tractions.
(Tuiga)
Les courses commencent le mardi, mais le manque de vent obligera les organisateurs à annuler la manche au bout de quelques heures. L'avantage c'est que j'aurai eu le temps de prendre mes marques sur le bateau. Le lendemain le vent souffle et nous offrira de belles ampoules aux mains. Nous nous placerons en deuxième position à la fin de cette première manche, un place prometteuse, juste derrière notre sistership Moonbeam III. C'est le lendemain que l'affaire se corse. Le vent est bien là et nous prenons un bon départ aux côté de Tuiga (le yacht classique d'Albert de Monaco). Nous passons les îles de Lérins par le Sud et prenons la bouée en face de Juans les Pins. De retour en baie de Cannes, nous fermons la porte à Thendara, qui cherche à passer malgré notre priorité. Alors que nous n'avons plus de manœuvrabilité, celui-ci tente le tout pour le tout et nous aborde par l'arrière. Tout se passe très vite. Le beaupré me passe au-dessus de la tête et tape dans la baume derrière moi. Je cours sur babord choquer (relâcher) les bastingages (ce sont les cordages qui soutiennent le mat par l'arrière) car le bateau vire et la baume aussi. J'ai juste le temps de voir les gars s'occupant de la grand voile à l'arrière du bateau, se coucher sur le pont afin d'éviter se faire blesser par le cable situé sous le beaupré du Thendara. Quelques insultes furent lancées, de rage... et puis il nous aura fallut affaler les voiles le plus rapidement possible afin d'éviter plus de dommages.
(pendant l'abordage - crédit photo : Hestia Pak)
C'est fini pour nous. C'est aussi fini pour Thendara. Nous rentrons au port et je laisse les grandes personnes s'expliquer entre elles. L'affaire ne s'arrêtera pas là. Mais pour l'heure, le plus important est la réparation du Moonbeam. Le liston est endommagé... ce bout de bois, vernis de 14 couches, entourant le bateau et lui donnant son charme, ressemble à un bout de parmesan en copeaux ! La moitié des 300m2 de grand voile est déchiré et la baume a aussi subit de sérieux dommages.
En 48h de travail acharné l'équipe du bateau remettra le Moonbeam en état de marche. L'un des équipiers possédant une voilerie aura travaillé nuit et jour sur le grand voile pour la recoudre avec toute son équipe. La lisse a été raboté sur une grande longueur. L'illusion est parfaite et l'accident n'y parait plus. Le samedi matin nous voilà prêt à reprendre la mer. Nous boycotterons la régate, car les réactions des autres équipages n'ont pas été à la hauteur. Certains copains embarqués sur d'autres bateaux seront venus aidé mais personne ne se sera vraiment enquis de
savoir s'il y a eu des blessé... si nous avions besoin de quoi que ce soit.
Samedi 11h, nous larguons les amarres. Direction la baie d'Agay. La régate, elle, prend la direction d'Antibes. Le vent souffle et les voiles sont bien gonflées. Nous éprouvons avec un peu d'anxiété les réactions du bateau et surtout du mat et de la baume. La grand voile remplis parfaitement son rôle... elle est peut-être même encore mieux qu'avant. Le mistral s'engouffre dans la voile de flêche, la trinquette, le foc et le clin-foc. Les drisses sifflent. Nous revoilà au large. Nous ne sommes plus en course... ce qui veut dire que lorsque nous tirons un bord... pour les équipiers c'est les vacances... tout le monde s'allonge et prend le soleil en dégustant les merveilleux sandwich de Fred. Poulet, chêvre et oignons confits... ou encore, viande de grison et fromage corse. Bref, repus, en mer, au soleil en mode détente... que demander de plus.
Régates Royales Cannes - Moonbeam IV
envoyé par Emrys
C'est au moment ou tout le monde se relâche qu'Atlantic, la réplique de la goélette construite en 1903 rapplique et nous nargue avec sa surface de voile bien supérieur à la notre. Elle compte nous prendre de vitesse. Une course s'improvise et tout le monde reprend ça place... bien content finalement de se réactiver les mimines plutôt que de se laisser aller à l'assoupissement. Atlantic vire, et nous virons aussi... nous sommes plus léger et donc plus réactif dans nos manoeuvres... mais Atlantic et plus toilé que nous et nous reprend donc de vitesse dans la longueur. Elena se joindra aussi à nos festivités privées et nous passerons finalement une après midi de rêve... en régate-OFF.
Ce fut une semaine chargée en émotions et en rencontres. Vivement la prochaine régate.
Je me souviens aussi avoir eu une pointe de jalousie lorsque que l'une de mes colloc' à Barcelone m'avait annoncé qu'elle travaillait sur les voiliers.
Mais ça ne m'avait jamais atteint, qu'un jour, je pourrais peut-être aussi.
Mon capitaine a débarqué fin août et depuis je gère le bateau tout seul. Lorsque des sorties sont prévues, je cherche un capitaine à la journée. Parmi ceux qui sont venus m'aider, un m'a proposé de venir faire les Régates Royales du Trophée Panerai à Cannes avec lui... Nous parlons de bateau et je lui ai parlé de mon penchant pour les voiliers classiques, bien que travaillant sur un moteur Yacht. Il n'est pas moins que le tacticien du Moonbeam IV (Cotre aurique construit par William Fife 3ème du nom en 1914). Et hop, me voilà propulsé dans le rôle d'équipage pour une semaine de régates !
(moonbeam III)
Le bateau ne peut inspirer que de l'amour. Je suis encore vierge pour lui et lui pour moi. J'ai tout à y apprendre. Mes oreilles sont grandes ouvertes et je ne perds pas un mot du capitaine ou du second. Le bateau a été gardé dans son état d'origine... c'est à dire qu'il ne possède pas de winch et que tout se fait à la main en tirant sur les bouts et en jouant avec des palans pour rendre possible certaines tractions.
(Tuiga)
Les courses commencent le mardi, mais le manque de vent obligera les organisateurs à annuler la manche au bout de quelques heures. L'avantage c'est que j'aurai eu le temps de prendre mes marques sur le bateau. Le lendemain le vent souffle et nous offrira de belles ampoules aux mains. Nous nous placerons en deuxième position à la fin de cette première manche, un place prometteuse, juste derrière notre sistership Moonbeam III. C'est le lendemain que l'affaire se corse. Le vent est bien là et nous prenons un bon départ aux côté de Tuiga (le yacht classique d'Albert de Monaco). Nous passons les îles de Lérins par le Sud et prenons la bouée en face de Juans les Pins. De retour en baie de Cannes, nous fermons la porte à Thendara, qui cherche à passer malgré notre priorité. Alors que nous n'avons plus de manœuvrabilité, celui-ci tente le tout pour le tout et nous aborde par l'arrière. Tout se passe très vite. Le beaupré me passe au-dessus de la tête et tape dans la baume derrière moi. Je cours sur babord choquer (relâcher) les bastingages (ce sont les cordages qui soutiennent le mat par l'arrière) car le bateau vire et la baume aussi. J'ai juste le temps de voir les gars s'occupant de la grand voile à l'arrière du bateau, se coucher sur le pont afin d'éviter se faire blesser par le cable situé sous le beaupré du Thendara. Quelques insultes furent lancées, de rage... et puis il nous aura fallut affaler les voiles le plus rapidement possible afin d'éviter plus de dommages.
(pendant l'abordage - crédit photo : Hestia Pak)
C'est fini pour nous. C'est aussi fini pour Thendara. Nous rentrons au port et je laisse les grandes personnes s'expliquer entre elles. L'affaire ne s'arrêtera pas là. Mais pour l'heure, le plus important est la réparation du Moonbeam. Le liston est endommagé... ce bout de bois, vernis de 14 couches, entourant le bateau et lui donnant son charme, ressemble à un bout de parmesan en copeaux ! La moitié des 300m2 de grand voile est déchiré et la baume a aussi subit de sérieux dommages.
En 48h de travail acharné l'équipe du bateau remettra le Moonbeam en état de marche. L'un des équipiers possédant une voilerie aura travaillé nuit et jour sur le grand voile pour la recoudre avec toute son équipe. La lisse a été raboté sur une grande longueur. L'illusion est parfaite et l'accident n'y parait plus. Le samedi matin nous voilà prêt à reprendre la mer. Nous boycotterons la régate, car les réactions des autres équipages n'ont pas été à la hauteur. Certains copains embarqués sur d'autres bateaux seront venus aidé mais personne ne se sera vraiment enquis de
savoir s'il y a eu des blessé... si nous avions besoin de quoi que ce soit.
Samedi 11h, nous larguons les amarres. Direction la baie d'Agay. La régate, elle, prend la direction d'Antibes. Le vent souffle et les voiles sont bien gonflées. Nous éprouvons avec un peu d'anxiété les réactions du bateau et surtout du mat et de la baume. La grand voile remplis parfaitement son rôle... elle est peut-être même encore mieux qu'avant. Le mistral s'engouffre dans la voile de flêche, la trinquette, le foc et le clin-foc. Les drisses sifflent. Nous revoilà au large. Nous ne sommes plus en course... ce qui veut dire que lorsque nous tirons un bord... pour les équipiers c'est les vacances... tout le monde s'allonge et prend le soleil en dégustant les merveilleux sandwich de Fred. Poulet, chêvre et oignons confits... ou encore, viande de grison et fromage corse. Bref, repus, en mer, au soleil en mode détente... que demander de plus.
Régates Royales Cannes - Moonbeam IV
envoyé par Emrys
C'est au moment ou tout le monde se relâche qu'Atlantic, la réplique de la goélette construite en 1903 rapplique et nous nargue avec sa surface de voile bien supérieur à la notre. Elle compte nous prendre de vitesse. Une course s'improvise et tout le monde reprend ça place... bien content finalement de se réactiver les mimines plutôt que de se laisser aller à l'assoupissement. Atlantic vire, et nous virons aussi... nous sommes plus léger et donc plus réactif dans nos manoeuvres... mais Atlantic et plus toilé que nous et nous reprend donc de vitesse dans la longueur. Elena se joindra aussi à nos festivités privées et nous passerons finalement une après midi de rêve... en régate-OFF.
Ce fut une semaine chargée en émotions et en rencontres. Vivement la prochaine régate.