Japon 36
C’est à combattre que chaque jour je m’entraîne ardemment ! Je sors mon épée et attaque mon ennemi à coup d’estoc mais le manque irrémédiablement au premier engagement. La danse du poignet nous amène dans des arabesques dont les angulations l’astreignent à des manœuvres délicates. C’est pourtant sans se laisser aller au désespoir que la vigueur refait surface et que je réattaque ces ennemis sans fin. Car ce n’est pas tout d’en tuer un ou deux. C’est par milliers que je compte les assaillants ! Leurs formes, et c’est bien là le problème, n’est jamais la même, celui-ci ovale ne présente aucune difficulté et je le transperce sans même m’en soucier, mais quand celui-là arrive, avec son armure clinquante et ses détails foisonnants, c’est à une, deux, vingt, cent reprises que je dois m’y prendre pour finalement lui tenir tête et le réduire à néant. Ce combat n’est pas fini aujourd’hui. Il ne le sera pas demain et je ne sais vraiment s’il se termine un jour pour quiconque tente le défi de s’atteler à cette lourde de tâche. Cet ennemi à un nom, il s’appelle Kanji !
La mémoire est un drôle de meuble à tiroirs, coulisses et autres portes dérobées… L’apprentissage du japonais prend du temps et de l’énergie et devient une véritable bataille de tous les jours. C’est pourtant avec un certain plaisir que le combat se livre. On oublie les formes apprises la veille pour se souvenir de celle de la semaine dernière etc. Finalement le processus est assez naturel – anti-naturel – nature… je ne saurais dire, mais c’est intéressant à vivre.
Pour nous sortir de notre torpeur d’étudiant-disque-dur, notre école nous propose (à tarif intéressant) de nombreuses sorties. Ce week-end venait le tour attendu du 32ème Grand Sumo Tournament. Il s’agit d’une journée, début du tournoi à 11h et fin à 17h30, pendant laquelle les sumos s’affronteront de manière éliminatoire. Je pourrais essayer de vous raconter les règles et autres subtilités dans le détail mais d’autres personnes le faisant mieux que moi ont déjà écrit sur le sujet, je vous laisse donc le choix (pour ceux que ça intéresse) de visiter l’un de ces deux sites : wiki, sitefr du sumo. Nous commençons donc par nous rendre à Ryôgoku, station de la ligne Sôbu. En arrivant sur le quai l’œil est tout de suite attiré par cette espèce de pyramide au toit vert qui accueille plusieurs milliers de personnes. Comme au théâtre les spectateurs crie le nom des actants, sauf que l’ambiance est beaucoup plus relâchée et que je commencerai timidement (au début) à lancer des Suge ! ou encore le nom du Sumo.
Alors que la première pause se fait deux sumos prennent la relève. Leur comportement un peu inhabituel ne nous surprend pas vraiment au début, mais lorsque cela vire dans l’irrespect des règles fondamentales du sumotori, nous comprenons finalement que nous assistons à l’entracte comique du spectacle. Celle-ci est d’ailleurs la bienvenue car 6 heures de sumo ça essouffle.
épisode HS :