Indian ocean 01
"You, muslim, muslim!
_Euh, non, pas Muslim...
_Yes yes muslim!
_Euh, ok si tu veux..."
Je n'ai connu Mana que 4 jours et celui-ci n'était pas bavard, mais un beau matin il a décidé que comme lui j'étais musulman... Impossible d'en déroger.
Sur le pont nous nous activons avec Simon afin de préparer Demoiselles, ce beau sailing yacht de 30m, à une traversée qui devra nous amener de Phuket en Thaïlande, à Malé aux Maldives. Nous devrions mettre environ 8 jours. Difficile de se faire une idée de la Thaïlande en si peu de temps. Je suis allé faire des approvisionnements pour le bateau deux fois et je suis sorti avec d'autres membres d'équipages deux fois aussi. De nuit difficile de voire autre chose sur les plages de Nai Yang que les bars ouverts. L'ambiance est au rendez-vous.
Le lendemain de mon arrivée alors que je travaillais mes inox à la proue du bateau, j'entends crier mon nom !? Je me retourne et vois une silhouette sauter sur un immense catamaran de l'autre côté de la marina. Il s'agissait d'un ami qui a suivi la même formation de capitaine que moi... Incroyable. Le troisième jour un ancien collègue de travail de Barcelone m'annonce par email qu'il est à Phuket aussi et passe me voir... Le quatrième jour alors que nous larguons les amarres je me dis que c'est aussi bien car je commençais à être trop connu dans le coin !
Alors que nous prenons la mer, le rythme devient différent. Nous allons nous relayer Simon, Xavier (le capitaine) et moi afin de faire les quarts de navigation. 3 heures de quarts suivis de 6 heures de repos. Et le temps ralenti. Une certaine notion est conservé grâce à la ponctualité des repas que nous prépare Keng, le cuisinier thaï. Mais le soir arrive vite. Les nuits en pleine mer sont magnifiques. L'atmosphère est chaude et nous enfilons rarement un débardeur. Quelques géants des mers requièrent notre attention alors que nos routes se croisent au milieu de nul part.
Nous naviguons en silence, traversant l'océan indien, ni le vent ni la mer ne viennent perturber notre lent passage. Chaque nuit répète sa danse d'étoiles. Dans le ciel, le phytoplancton se reflète. Le mât de Demoiselles dessine des arabesques au gré du roulis. L'air tiède m'oblige à enfiler un maillot de corps après plusieurs jours de nudité. Je frissonne. Nous aurons croisés peu de compagnons, quelques minuscules poissons volants s'enfuyant à tire d'ailes et trois dauphins un peu perdus. Le silence aura été notre plus fidèle ami. Et déjà sur l'horizon obscur se dessine un halo. Lumière, témoin d'humanité.
La douane, l'immigration, la police et quelques pièces rapportées prennent leur temps afin de remplir les papiers qui ne serviront jamais à personne... Ils inspectent le navire avec leurs gros godillots dégueulasses. La chaleur est écrasante et le teck brûlant. Tout le monde transpire à grosses gouttes mais tout le monde porte l'uniforme en vigueur. Ça fait très sérieux. Ancré devant Malé, on est loin des clichés de cartes postales. La ville est sale et polluée. Nous sommes comme des comédiens en coulisses, prêt à faire rêver, devant un spectacle somptueux... ailleurs.
Le rythme est à nouveau brisé et nous reprenons une vie "normale" avec des horaires "normaux". Les journées sont bien remplit. Après 7 jours de traversée, une multitude de tâches s'imposent d'elles même. À 17h, une fois le gros de la chaleur passé... Nous posons les outils, et allons visiter l'île d'à côté. Aux Maldives, l'alcool est interdit, le port du bikini aussi. Religion musulmane d'état oblige. Quel ironie. Pour sûr cela sera autorisé dans les Resorts dont les îles et lagons sont privatisés. C'est un pays qui ne fait pas les choses à moitié. On passera quasiment sans transition de la chambre d'hôtel un peu pourrave à 20$ la nuit au bungalow les pieds dans l'eau à 1000$.
De notre côté, nous profitons dès qu'un instant de libre le permet, d'aller faire une petite plongée ou une session de wakeboard qui nous permet de faire une coupure avec la journée.
D'ici 15 jours Milena viendra me rejoindre avec Thomas... Son premier voyage hors de France si son passeport arrive à temps. J'ai tellement hâte.
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